Accord UE-Mercosur: «On risque de manger des bêtes piquées aux antibiotiques»

Vent debout contre la signature de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, le conseiller municipal Patrick Maurin entend bien continuer la lutte. Récemment, il s’est enchaîné aux grilles de l’Assemblée. Il nous explique pourquoi il s’agit d’un texte dangereux que la France ne doit pas signer en ce jour de ratification du CETA.
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«Que va-t-il advenir de nos éleveurs? 30.000 éleveurs vont faire faillite, 50.000 personnes sur le carreau. Je dis non à l’accord dans sa forme actuelle.»

Patrick Maurin est en colère contre l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) signé le 28 juin dernier. Le conseiller municipal de Marmande, dans le Lot-et-Garone, âgé de 65 ans, est habitué des coups d’éclat. Après avoir effectué plusieurs marches citoyennes ces dernières années à la rencontre des agriculteurs qu’il défend, il s’est enchaîné le 17 juillet dernier aux grilles de l’Assemblée nationale. Il a notamment pu s’entretenir avec plusieurs élus.

Quelques mois plus tôt, il avait été chargé par Emmanuel Macron en personne que «des propositions concrètes soient définies […] pour l’élaboration d’un projet de loi dont les mesures permettraient d’endiguer ce profond mal-être des agriculteurs», selon Sud-Ouest. Le conseiller municipal est déçu de la tournure que prennent les choses. Entretien.

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Sputnik France: Le 17 juillet dernier, vous vous êtes enchaîné aux grilles de l’Assemblée nationale pour protester contre l’accord de libre-échange signé entre l’UE et le Mercosur. Concrètement que reprochez-vous au texte?

Patrick Maurin: «Beaucoup de choses. Nous risquons de manger des bêtes piquées aux antibiotiques afin d’accélérer leur croissance. Ils se servent de produits phytosanitaires interdits en France pour produire des céréales, par exemple. Il faut également signaler le problème des transports par bateaux et avions, alors qu’en France nous cherchons à respecter l’environnement et la planète en réduisant notre empreinte carbone. En définitive, il s’agirait de proposer une nourriture malsaine à la génération à venir. La ratification de cet accord entraînerait des conséquences catastrophiques pour 30.000 éleveurs et si l’on ajoute les ouvriers agricoles, on parle d’au moins 50.000 personnes en difficulté. Combien de suicides cela va-t-il encore entraîner? Je m’interroge, moi qui suis très attaché à la question.»

Sputnik France: Avez-vous pu vous entretenir avec des parlementaires et si oui, pour quel résultat?

Patrick Maurin: «Oui. Après avoir été enchaîné plusieurs dizaines de minutes aux grilles de l’Assemblée nationale, j’ai pu rencontrer une quinzaine de députés de tous bords politiques. Aussi bien monsieur François Ruffin (La France Insoumise) d’un côté que des députés de droite ou de la majorité. Ils sont entièrement d’accord avec moi. Je pense notamment à deux députés La République en marche (LREM) qui m’ont dit que l’accord était encore loin d’être adopté pour la France. 

Sputnik France: Vous dites que ces parlementaires LREM sont opposés au projet, mais que pensez-vous du fait qu’il s’agisse d’un parti très pro-européen, cette même Union européenne à l’origine du traité?

Patrick Maurin: «Certes, mais il n’est pour le moment pas ratifié par la France. Il faut rester vigilant.»

Sputnik France: Où en êtes-vous de la mission que vous a confiée le Président de la République concernant la rédaction de propositions concrètes pour améliorer la condition des agriculteurs?

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Patrick Maurin: «Je suis très, très en colère auprès de mon député, Alexandre Freschi, [LREM ndlr], qui a été chargé par le Président de la République de participer avec moi à l’élaboration de ce texte de loi. Depuis le mois de février, période à laquelle le Président nous a demandé de commencer à travailler, j’ai été reçu une fois à l’Élysée. Nous avons pu échanger avec Audrey Bourolleau, la conseillère Agriculture du Président. Mais depuis, le député de ma circonscription fait le mort. Je demande régulièrement des rendez-vous et jusqu’à ce jour, silence radio. En ce moment, on ne partirait pas en vacances ensemble.»

Sputnik France: Quelles seront vos prochaines actions?

Patrick Maurin: «Le samedi 14 septembre, j’ai l’intention d’organiser une table ronde à Marmande avec différents parlementaires de tous bords politiques, des syndicats et des agriculteurs, naturellement. Le but sera d’échanger et d’essayer de proposer directement au Président de la République des solutions aux problèmes des agriculteurs. Et surtout afin de ne pas les enfoncer davantage et de ne pas les placer sur l’autel du sacrifice.» 

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