Ce que Téhéran a «promis» à l’émissaire de Macron

En recevant un émissaire d’Emmanuel Macron, l’Iran s’est dit prêt à augmenter le niveau d'enrichissement de son uranium tant qu’il n’aura pas rétabli sa coopération économique avec l’UE, selon le Guardian.
Sputnik

L’Iran a prévenu l’Europe qu’il ne reviendrait pas sur sa décision d’augmenter l’enrichissement de son uranium au-delà des limites fixées par l’accord nucléaire de 2015 tant qu’il n’accédera pas de son «plein droit» à une relation économique avec l’UE au titre de cet accord, relate le Guardian.

Ali Shamkhani, le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, l’a souligné lors de sa rencontre avec Emmanuel Bonne, le conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron envoyé le 10 juillet à Téhéran par le Président français.

​Le diplomate y a rencontré également le Président Hassan Rohani, mais aussi le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et son adjoint Abbas Araghchi. Le but de ce voyage de deux jours est de sauver l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, que Washington a quitté en mai 2018, soulignent des médias dont France 24.

L’Iran est ouvert au dialogue mais ne tolère pas la pression

Si les autres pays respectent leurs engagements, l'Iran sera de son côté prêt à faire des pas pour respecter les siens, a déclaré le Président iranien Hassan Rohani, qui a aussi reçu des mains de M.Bonne un message écrit de son homologue français.

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Lors de la rencontre, Hassan Rohani a déclaré que l'Iran avait «toujours laissé la porte ouverte à la diplomatie et au dialogue», que l'objectif restait «la mise en œuvre intégrale» de l'accord, précise la présidence iranienne dans un communiqué.

Pour sa part, Mohammad Javad Zarif a de nouveau rejeté toute négociation sous la pression. «Il faut que les Américains arrêtent les pressions et le terrorisme économique contre l'Iran et seulement ensuite nous pourrons parler de l'application de l'accord nucléaire», a-t-il déclaré le 10 juillet, cité par RFI.

L’accord en danger

Les dernières annonces iraniennes mettent directement en danger l’accord conclu à Vienne entre la République islamique et le groupe des Six (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie), déjà menacé depuis que Washington l'a dénoncé unilatéralement, rappelle France 24.

Téhéran a en effet annoncé, en début de semaine, ne plus appliquer une partie de ses obligations prévues par l'accord nucléaire, notamment en augmentant le niveau de l'enrichissement de son uranium qui est passé à 4,5 %, alors que le maximum autorisé par l'accord est de 3,67%, et en dépassant la limite autorisée de stock d'uranium enrichi qui était de 300 kilogrammes. La prochaine étape pourrait être celle de l'enrichissement à 20% si ses demandes de levée des sanctions américaines ne sont pas satisfaites, a prévenu le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA).

La dernière tentative?

La visite de deux jours de l’émissaire français a été considérée comme probablement la dernière tentative de parvenir à un accord avant que l’Europe ne décide de placer les actions de l’Iran dans le mécanisme formel de règlement des différends du Plan d’action global commun (PAGC, ou JCPoA en anglais), écrit le Guardian. Si le mécanisme de règlement des différends ne parvient pas à régler les désaccords, il est probable que l'UE restaure les sanctions contre l'Iran levées lors de la signature de l'accord.

La mission de l'émissaire français est «d'essayer d'ouvrir l'espace de discussion pour éviter une escalade non contrôlée, voire même un accident», alors que la montée des tensions entre Téhéran et Washington fait craindre un conflit dans la région du Golfe, a indiqué le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, rappelle France 24. Il a qualifié de «dépassements légers» les manquements de l'Iran à ses engagements.

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