Les incertitudes n’en finissent pas en Ukraine de l’Est. Car les signaux peuvent sembler contradictoires, tour à tour bellicistes ou pacifistes: si les belligérants ont reculé de la ligne de front le 26 juin dernier, les États-Unis signaient un chèque de 250 millions de dollars destiné au renforcement des moyens militaires de Kiev face aux rebelles du Donbass – portant à 1,5 milliard le soutien financier officiel de l’Amérique à l’Ukraine depuis 2014.
Ainsi, malgré les annonces du nouveau Président ukrainien Volodymyr Zelensky d’atteindre un cessez-le-feu dans l’Est du pays, le conflit perdure… où la région en est-elle réellement ? L’Ukraine peut-elle encore récupérer le Donbass?
Pour le savoir, Édouard Chanot s’est rendu dans la République autoproclamée de Donetsk. Il fait partie de ces rares journalistes français à s'être rendu dans cette zone de guerre, «pour comprendre les habitants du Donbass tels qu’ils se comprennent eux-mêmes». Reportage.
Durant l'hiver 2013/14 à Kiev, la révolution du Maïdan chassait le président Viktor Ianoukovytch, qui avait refusé de ratifier un accord d'association avec l'Union européenne. Se sentant méprisée, se souleva alors : la région, majoritairement russophone contesta la révolution pro-occidentale de l’Ouest du pays. La confrontation s'intensifia quand la Rada, le parlement ukrainien, eut abrogé le statut de langue régionale officielle du Russe le 23 février 2014. Le 7 avril, la République populaire de Donetsk proclama son indépendance, et l'armée ukrainienne y intervint alors avec brutalité, craignant ce qu’elle estimait être une contagion de l'annexion de la Crimée par la Russie en mars. Un conflit d'une violence oubliée en Europe depuis la guerre du Kosovo.
Cinq ans plus tard, en dépit des accords de Minsk de février 2015 qui devaient mettre un terme aux bombardements, et bien que la violence soit sensiblement circonscrite depuis 2017, les obus tombent et tuent encore. Les chiffres s'élèvent désormais à 13.000 morts selon l'ONU, dont 4.000 civils. À ces derniers s'ajoutent 10.000 blessés.
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