Partenariat Russie-France: «On ne divorce pas parce qu’on se dispute»

Les autorités françaises jugent positifs les investissements à long terme en Russie tout en soutenant les sanctions contre Moscou. Un employé de l’ambassade de France a expliqué cette position à Sputnik en marge du Forum international de Saint-Pétersbourg 2019 (SPIEF) où la délégation française est l’une des plus importantes.
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Le prolongement des sanctions contre Moscou n’influera pas sur l’évolution du partenariat économique entre la France et la Russie, Paris encourage les entreprises françaises à investir dans ce pays, a déclaré à Sputnik un employé de l’ambassade de France en Russie lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg.

«On ne divorce pas parce qu’on se dispute. C’est important. D’ailleurs –on le répète toujours- depuis les sanctions, aucune entreprise française n’est partie. […]. On est ici pour durer. On est de très gros investisseurs, quand on investit ce n’est pas pour cinq ans. On investit pour 15 ans, 20 ans […]. C’est positif pour la Russie, c’est positif pour la France», a indiqué le Français.

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À la question de savoir si la décision de prolonger les sanctions antirusses prise une semaine après l’appel d’Emmanuel Macron à investir en Russie n’allait pas déstabiliser les entreprises françaises qui ne connaissent pas la Russie, l'employé de l'ambassade a noté:

«Ne mélangeons pas tout, c’est ça le message. Cela peut être compliqué à comprendre, mais la politique, c’est la politique et l’économie, c’est l’économie. Les sanctions sont des choses ciblées. Il y a certaines choses qu’on ne peut pas faire, sur le reste on dit: "allez-y!" […]. C’est vrai qu’on ne va pas dire à l’industrie de défense: "collaborez plus", mais si Bonduelle veut ouvrir une nouvelle usine agroalimentaire ici, c’est encouragé».

Selon lui, ce n’est pas la politique, mais des situations pareilles à celle qui s’est créée autour du fonds d’investissement Baring Vostok, qui peuvent décourager les entreprises étrangères, y compris françaises. Après l’arrestation en février de plusieurs dirigeants du fonds, dont un Français, Philippe Delpal, accusés d'être à l'origine d'une fraude d'au moins 2,5 milliards de roubles (environ 33 millions d'euros), il y a eu des projets qui «ont été annulés totalement», a-t-il indiqué.

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Mais cette tendance n’a touché que les entreprises qui ne connaissent pas la Russie, «ce qui est important est que les entreprises, qui sont en Russie, ne partent pas».

Le fonctionnaire a en outre rappelé que les Français étaient «très réguliers» avec «plus d’un milliard de dollars par an» investi en Russie.

«Année après année, on s’aperçoit qu’on est le deuxième plus grand investisseur en flux», a-t-il déclaré.

Or chez les investisseurs d’autres pays, notamment les Allemands, «des allers-retours» sont constatés: parfois ils sont les premiers investisseurs, mais en 2018 «c’était négatif, il y a eu plus de sorties d’argent allemand que d’entrées».

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En 2018, les investissements venus de France dans l’économie russe se sont chiffrés à 15 milliards d’euros. Emmanuel Macron avait fait part de sa volonté de les augmenter lors de sa venue au Forum en 2018, en appelant les entreprises françaises à investir dans le pays.

Cette année, le Forum économique international de Saint-Pétersbourg, surnommé le Davos russe, a lieu du 6 au 8 juin. Plus de 150 événements sont prévus autour de 1.000 modérateurs et intervenants sur des sujets économiques aussi divers que l’écologie et le secteur de l’énergie. Un an après la visite d’Emmanuel Macron à cet événement annuel, la délégation française est l’une des plus importantes.

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