Le 26 avril, quatre personnes ont été arrêtées à Strasbourg, soupçonnées de préparer un attentat contre l'Élysée. Début mai, la police a interpellé un cinquième suspect qui, selon TF1, est «un lycéen d'origine tchétchène». D'après BFM TV, ce jeune homme de 16 ans avait également voulu s'en prendre à François Hollande.
Ce n'est pas la première fois qu'un membre de la diaspora tchétchène est mêlé à des activités terroristes en Europe.
Attentat du quartier de l'Opéra
L'assassin, abattu par la police, s'est révélé être un ressortissant tchétchène du nom de Khamzat Azimov, qui avait obtenu la nationalité française en 2010. En 2016, il s'était vu attribuer une fiche S.
Ses parents avaient trouvé refuge en France au début des années 2000, en pleine Seconde guerre de Tchétchénie.
Par la suite, l'ancien ambassadeur russe Alexandre Orlov a estimé que «les autorités françaises donnaient à ces familles [tchétchènes, ndlr] l'asile trop facilement».
«On voit les conséquences», a-t-il alors résumé.
Des proches de Khamzat Azimov aussi écroués
Rapidement après l'attentat du quartier de l'Opéra, plusieurs autres membres de la diaspora tchétchène de Strasbourg ont été arrêtés.
Il s'agissait notamment d'un ami de Khamzat Azimov, Abdoul Hakim Anaiev, âgé de 20 ans et inculpé le 17 mai 2018 au motif «d'association de malfaiteurs terroristes». Selon l'enquête, ce dernier avait mené «une activité Internet très soutenue» dans la nuit précédant l'attentat.
Des filières de djihadistes tchétchènes en France?
Étant le premier attentat perpétré par un terroriste d'origine tchétchène dans l'Hexagone, l'attaque du quartier de l'Opéra a entraîné une polémique concernant le problème des djihadistes tchétchènes en France.
Le 13 mai 2018, Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme, a indiqué sur Twitter que de «7 à 8% des Français impliqués dans les filières djihadistes en Syrie et en Irak […] sont d'origine tchétchène».
Après les attentats qui ont secoué la France en 2015, les services de renseignement français ont intensifié leur travail de détection des filières djihadistes, dont les tchétchènes.
Le 11 janvier 2015, une douzaine de personnes ont été arrêtées en région parisienne et placées en garde à vue, soupçonnées de préparer une attaque lors d'une cérémonie d'hommage aux victimes des attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes.
Selon Le Parisien, ces arrestations ont concerné la communauté tchétchène vivant en région parisienne. Par la suite, trois personnes ont été mises en examen pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste».
Selon Alain Chouet, l'ancien chef de service de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), cité par France Info, ces arrestations témoignaient plus d'une intensification du travail des services de renseignement que de l'existence d'un «phénomène terroriste de masse» qui toucherait les Tchétchènes de France.
Problème à l'échelle européenne
La France n'est pas le seul pays ou certains anciens réfugiés tchétchènes ou leurs enfants participent à des activités terroristes. En février 2018, deux Autrichiens de 19 ans et un Tchétchène de 22 ans ont été condamnés car ils prépareraient un attentat contre des policiers.
Selon les documents judiciaires cités par Reuters, l'un de ces jeunes avait obtenu en 2015 des instructions de la part d'un membre de Daech⃰, lui aussi d'origine tchétchène. Ce dernier, connu sous le nom d'Abu Nuuh, était arrivé en Autriche en 2005 avec ses parents.
Une autre enquête a concerné trois pays européens, l'Allemagne, la Belgique et la France. En août 2018, la justice allemande a ainsi annoncé l'arrestation de Magomed-Ali C., âgé de 31 ans.
Celui-ci était soupçonné d'avoir préparé en 2016 un attentat sur le sol allemand avec un complice français, Clément Baur. Selon Spiegel, Magomed-Ali C. est «un islamiste de Tchétchénie».
Le procès de Magomed-Ali C. a débuté le 16 mai en Allemagne.
Clément Baur a été à son tour interpellé à Marseille le 18 avril 2017 et est accusé d'un projet d'attaque dans les Bouches-du-Rhône qui se serait déroulé durant la campagne présidentielle de 2017. Selon Le Figaro, cet attentat était susceptible de viser des candidats comme Marine Le Pen ou François Fillon.
*Organisation terroriste interdite en Russie