La visite du Premier ministre vietnamien en Russie correspond au début de l'Année croisée du Vietnam en Russie et de l'Année de la Russie au Vietnam, organisées à l'occasion du 70e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques bilatérales et du 25e anniversaire du traité de 1994 sur les fondements des relations d'amitié entre la Fédération de Russie et la République socialiste du Vietnam. Les deux dates témoignent que le Vietnam est un partenaire fiable et de longue date de la Russie en Asie, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Le partenariat avec le Vietnam et d'autres pays de l'ANASE est un axe important du «virage vers l'Est» engagé par la Russie, selon le média. Il est nécessaire non pas en tant qu'alternative au principal partenaire de la Russie en Asie, la Chine, mais comme une possibilité de diversifier les relations commerciales et économiques à l'Est sans mettre «tous les œufs dans le même panier».
Les rencontres entre les chefs de gouvernement est toujours le résultat de longues négociations au niveau des experts. La liste des thèmes sur lesquels des décisions doivent être prises à Moscou est très large, et tous ont une grande importance pour l'économie de la Russie et du Vietnam. Il s'agit notamment de la construction de la centrale thermique russo-vietnamienne Long Phu 1, dont la compagnie Silovye machiny est le partenaire côté russe.
Une importante particularité du partenariat stratégique russo-vietnamien est le niveau élevé des liens bilatéraux dans le domaine de la défense et de la sécurité. La Russie est traditionnellement — et restera dans un avenir proche — le partenaire principal du Vietnam en matière de coopération militaro-technique, bien que la concurrence grandisse chaque année. L'industrie de l'armement russe a commencé à surmonter l'un de ses principaux défauts, l'absence de service après-vente, et en octobre 2018 a été signé un contrat pour la construction d'un centre d'entretien et de maintenance d'hélicoptères à Vung tau. Ce centre a été conçu pour entretenir non seulement des hélicoptères vietnamiens, mais également les appareils des pays voisins. La production sous licence de plusieurs types d'armes russes sur le territoire vietnamien représente une nouvelle forme de coopération.
Malheureusement, la Russie ne fait pas partie des principaux partenaires commerciaux du Vietnam: en 2018, les échanges ont à peine atteint 5 milliards de dollars. Dans les échanges extérieurs de la Russie, cela représente moins de 1% — avec un déficit significatif pour la Russie. D'ici 2020 les deux pays planifiaient de doubler les échanges, mais n'y sont pas encore parvenus. Ne reste qu'à espérer que les nouveaux accords qui seront signés et les projets déjà en cours permettront d'atteindre cet objectif.
Le Vietnam a dépassé depuis longtemps le rôle de partenaire cadet qui a besoin d'une aide ou d'un soutien de la Russie. Il s'agit aujourd'hui d'un pays de 94 millions d'habitants à la croissance rapide qui a rejoint les rangs des pays de niveau moyen. La Russie et le Vietnam ont bâti un système ramifié de contacts politiques actifs et de dialogue à tous les niveaux.
Depuis le début, le Vietnam a soutenu l'aspiration de la diplomatie russe à établir des règles du jeu acceptables pour tous en Asie-Pacifique sur la base du principe d'une sécurité égale et indivisible. En 2010, pendant le sommet de l'ANASE à Hanoï, la Russie a appelé à «construire une maison commune dans le Pacifique». Mais à l'époque cet appel n'avait pas été entendu. Mais il n'est pas trop tard aujourd'hui pour y revenir, d'autant que la situation dans le monde et dans la région a significativement changé, et que l'heure est venue, premièrement, d'intensifier les efforts en ce sens et, deuxièmement, de leur apporter plus de publicité. La présidence du Vietnam à l'ANASE l'an prochain pourrait y contribuer d'une manière non négligeable.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.