«Selfimania» russe au Festival de Cannes

Sept histoires filmées par des réalisateurs de cinq pays. Sept péchés capitaux de l’humanité moderne, contaminée par une maladie commune, la selfimania. L’équipe de l’épisode russe du projet international «Selfimania» a présenté le résultat de son travail à Cannes. Sputnik France y a assisté pour vous…
Sputnik

On peut appeler ça «une fresque de la vie moderne», puisque le projet international «Selfimania» est composé de sept histoires, d’une durée moyenne de 20 minutes, filmées par des réalisateurs russes, italiens, autrichiens, portugais et espagnols. L’âge, la nationalité, la culture et le statut social… tout sépare les protagonistes de ces nouvelles cinématographiques, sauf une chose, un syndrome envahissant la société actuelle: le selfie.

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Jeffrey, le personnage central du récit qui traite de la gourmandise –«L’ange déchu», tourné à Ekaterinbourg– est un musicien de rock à la célébrité fanée, qui arrive pour un concert en ville. Jeffrey croit toujours sincèrement à sa popularité dans le monde entier, y compris dans la capitale de l’Oural, et continue à mener une vie à scandale. Mais après une nouvelle nuit arrosée, le musicien découvre que ses fans lui ont volé tous ses vêtements. Rien à faire, Jeffrey sort dans les rues d’Ekaterinbourg en peignoir. Moment de grâce pour le vieux rockeur: il voit enfin la vie réelle et réalise qu’il est temps de changer à la fois son image et son œuvre.

Voilà pour vous et en exclusivité quelques séquences en cours de montage, présentées par l’équipe russe de «Selfimania». 

Le rôle principal est joué par le célèbre acteur hollywoodien Louis Mandylor, connu pour son travail dans les films «Mariage à la grecque» ou encore «Rambo 5: Last Blood» (à paraître en octobre 2019). Mais cette nouvelle a également une héroïne: Ekaterinbourg.

«J’ai vu ma ville natale sous un autre angle, explique à Sputnik Alissa Savelieva, directrice de la photographie. On a passé une semaine à sillonner Ekaterinbourg pour choisir les lieux de tournage.»

L’objectif était de trouver les lieux dans lesquels on reconnaissait la ville, mais qu’ils soient tristes, monochromes, en accord avec l’état d’esprit de Jeffrey. «On cherchait des paysages en noir est blanc, des bâtiments bizarres», nous confie Alissa Savelieva, en précisant que la ville a beaucoup changée ces dernières années. La chef opératrice n’a pas omis non plus de mentionner les évènements en cours à Ekaterinbourg: après une confrontation musclée entre partisans et opposants à la construction de la Cathédrale Sainte-Catherine, protectrice de la ville, à la place d’un parc populaire au centre-ville, le chantier a été gelé et une procédure de consultation populaire a été lancée.

«C’est magnifique que les gens participent aux décisions sur l’embellissement de la ville, qu’ils ne soient pas indifférents, se félicite Alissa Savelieva. C’est un point culminant de ce qu’on pourrait espérer: les gens sont confiants sur le fait d’être entendus.»

«Selfimania» russe au Festival de Cannes

L’équipe russe présente son projet en pleine promotion d’une autre histoire de success-story, «Rocketman», le biopic d’Elton John qui a commencé sa tournée dans les salles françaises. Deux histoires de deux Américains, des deux côtes de l’Atlantique, qui se heurtent au même questionnement sur la recherche de soi et la fidélité au chemin choisi.

«Nous voyons le succès de notre héros dans le fait qu’il a toujours cru en son rêve, il le suivait dès le début, il a toujours cru avoir du talent, raconte Natalia Tsvetkova, comédienne et productrice du film. Au moment où il frôle le désespoir et se brise, sur le point de tout lâcher, la vie fait une pirouette pour lui rappeler que le destin qu’il a choisi n’est pas le fruit du hasard.»

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La vision du concept du film est claire pour toute l’équipe et Natalia Tsvetkova le formule comme «une percée vers son âme à travers l’hypocrisie»:

«C’est également l’un des messages de notre film, explique l’actrice. Un selfie peut être ton miroir et te faire comprendre que la direction que tu as prise n’est plus la bonne. Notre héros l’a compris.»

Et ce n’est pas seulement Jeffrey qui devait garder à l’esprit le chemin sans détour vers le succès: au cours du tournage, toute l’équipe du film devait, comme le souligne Natalia Tsvetkova, «se souvenir que ton rêve est un don suprême et que les forces te sont données pour le suivre». Une coproduction internationale «très difficile» a mis l’équipe à l’épreuve: face aux langues et aux pratiques différentes, il a fallu être en liaison permanente avec les producteurs des autres volets du projet «Selfimania». Cela n’empêche pas les producteurs de se projeter dans l’avenir:

«Je suis certaine qu’une fois que l’on aura finalisé ce projet avec nos partenaires, se rassure Natalia Tsvetkova, le projet suivant sera plus simple grâce aux liens que nous avons tissés.»

«Selfimania» russe au Festival de Cannes

Tous parlent du «grand bonheur» de travailler à ce projet. Une équipe soudée, puisqu’elle a déjà travaillé ensemble sur des téléfilms en Russie.

«Ces histoires ne traitent pas seulement de la question du selfie, c’est plus profond que ça, affirme le producteur Alexandre Zlatopolskii. Je suis ravi que la première nouvelle ait été filmée à Ekaterinbourg avec le soutien de Roskino [agence russe pour le soutien au cinéma, nldr]. Il était pour nous facile de travailler, parce que la ville nous a aidés.»

La prochaine nouvelle «russe» sera tournée en août à Moscou, où vont venir le réalisateur, le chef-opérateur et l’actrice italiens. Pour l’instant, la date de sortie du film-mosaïque des sept nouvelles est prévue début 2020, mais la vitesse de production des différentes équipes internationales diffère… surveillez l’actualité sur notre site.

Sputnik France est partenaire média du Pavillon russe du Festival de Cannes.

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