À Vienne, la coalition gouvernementale a éclaté et des élections législatives anticipées seront organisées dans le pays en octobre. Et à l'approche des élections européennes, les chances de succès du parti du vice-chancelier s'amenuisent.
Il s'est pourtant avéré que la «nièce d'un oligarque russe» à l'origine du scandale était lettonne. Quelle organisation compétente a donc mis en place ce piège de l'«oligarque russe» devenu un grand classique?
Samedi 18 mai, la chaîne France 24 a diffusé une «investigation conjointe» avec RFI et la Deutsche Welle sur l'«ingérence russe». Cette investigation est en un sens très révélatrice.
En voici le contenu:
1) Un défilé militaire est organisé en Russie le 9 mai.
2) La Russie a pris la Crimée à l'Ukraine.
4) Le responsable de RT France nie les tentatives d'ingérence dans la politique européenne.
5) Vladimir Poutine a rencontré Marine Le Pen, alors que des banques russes ont accordé au Front national un prêt qui avait été refusé par les banques françaises. Le Pen a reconnu la Crimée russe.
6) Vladimir Poutine a rencontré Matteo Salvini, qui occupe aujourd'hui le poste de ministre italien de l'Intérieur et se présente également avec son parti au Parlement européen.
7) En 2014, la journaliste finlandaise Jessikka Aro a enquêté sur une «usine à trolls» russe. Un homme en t-shirt coiffé d'une frange a été solicité. Il dit avoir été un troll qui créait de faux comptes (en présentant un profil de VKontakte).
8) Un document secret du parlement russe a été obtenu de Mikhaïl Khodorkovski dévoilant la volonté de Moscou de recruter un «député sous contrôle absolu au Bundestag» pour «promouvoir les logiques prorusses» (le destinataire de la lettre est inconnu et l'auteur supposé serait l'assistant d'un député).
Divers experts ne cessent de le répéter: l'objectif de Moscou est de détruire les démocraties européennes en créant des conflits pour saper la cohésion et donc créer la division. C'est pourquoi la Russie promeut des partis européens d'extrême-droite.
Néanmoins, tout porte à croire que personne n'associe sérieusement à la Russie la sortie des «populistes» européens (c'est-à-dire des nationalistes et des conservateurs traditionnels) de leur ghetto marginal, pas plus que leur nouvelle popularité.
Les allégations sur la contribution de «trolls russes» à l'aversion pour les migrants chez les Européens semblent pour le moins ridicules si l'on se souvient des attentats de Paris, Bruxelles, Londres, Manchester, Berlin, Nice ou encore de la «nuit des viols» de Cologne.
Sachant que le choix des «preuves» avancées par les médias et les renseignements européens en matière d'«ingérence russe» indique clairement que toute cette ingérence n'est qu'un grand «highly likely».
La recherche de la «trace russe» (auparavant connue comme la «trace de la mafia russe», «trace soviétique», «trace de l'Empire russe» et ainsi de suite, jusqu'à Ivan le Terrible) est une tradition de la politique publique européenne encore plus ancienne que les cathédrales. Dans un certain sens, on est ici face aux fondements spirituels européens, un continuum.
L'Europe, qui semble pourtant refuser de préserver ses autres traditions, en a-t-elle trouvée une inaliénable?