Florilège du matériel de guerre «made in France» impliqué dans la guerre au Yémen

Des ONG ont réussi à fermer au cargo saoudien Bahri Yanbu l’entrée du port du Havre où il devait embarquer huit canons français Caesar. Pourtant, l’Arabie saoudite dispose déjà de matériel de guerre français comme en témoignent les informations confidentielles révélées par le site d’investigation Disclose et dont nous présentons ici un florilège.
Sputnik

Le cargo saoudien Bahri Yanbu devant embarquer au Havre huit canons de type Caesar qui auraient pu être utilisés au Yémen est reparti à vide après être resté deux jours en rade. Son entrée pour chargement dans le port du Havre a été empêchée par les actions de plusieurs associations.

Cependant, les informations révélées à la mi-avril par le média Disclose indiquent que la coalition internationale conduite par l'Arabie saoudite utilise massivement des armes françaises déjà livrées contre les Houthis.

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Et cela bien que Paris ait officiellement maintenu jusqu'ici que l'armement français déployé au Yémen par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis n'était utilisé que de manière «défensive» et non «sur la ligne de front».

Se basant sur un rapport de la Direction du renseignement militaire, la DRM, transmis au chef de l'État, à la ministre des Armées ainsi qu'à Matignon et au ministre des Affaires étrangères Disclose a établi une liste détaillée des armes françaises utilisées dans ce conflit qui, selon lui, font feu sur, notamment, des zones civiles au Yémen.

Le canon Caesar

Le Caesar est un canon automoteur de 155 mm, de huit mètres de long à chargement semi-automatique fabriqué par Nexter Systems.

Il est monté sur un châssis 6x6 tout-terrain Renault-Sherpa 5 pour la France et Soframe-Mercedes-Benz Unimog U2450 pour l'export.

Il a une portée de 4,5 km à 42 km pour un obus ERFB et de plus de 50 km pour un obus roquette.

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Le Caesar a une cadence de tir de 6 à 8 coups/min. jusqu'à 42 km.

Chaque pièce dispose de son propre calculateur balistique intégré et autonome ainsi que de son système de navigation. Le pointage est automatique et ne demande aucune action humaine.
Disclose indique, les données de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) à l'appui, que depuis 2010 la France en a livré pas moins de 132 à l'Arabie saoudite.

Selon le document de la DRM, les Caesar «appuient les troupes loyalistes et les forces armées saoudiennes dans leur progression en territoire yéménite», autrement dit en bombardant des zones pour dégager le terrain.

Disclose révèle que la population concernée par de possibles frappes d'artillerie est de 436.370 personnes.

Le char de combat Leclerc

Le char Leclerc est le char de combat principal français de troisième génération. Fabriqué à l'arsenal de Roanne par Nexter, il a été nommé en l'honneur du maréchal Leclerc.

Il est équipé d'une tourelle T40 pesant 5,5 tonnes, armée d'un canon CTA de 40 mm à munition télescopée. Il est équipé du kit de combat urbain AZUR et du système de protection actif Shark (version française du système allemand AMAP-ADS). Sa masse est de 54 tonnes.

Le char est également équipé d'une mitrailleuse coaxiale Browning M2 de 12,7 mm et d'une mitrailleuse AANF1 de 7,62 mm sur la tourelle.

Il atteint sur route une vitesse de 72 km/h et a une autonomie de 550 km portée à 650 km lorsqu'il est équipé de réservoirs largables.

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Son blindage composite est renforcé à l'aide de titane et de tungstène. Les modules couvrant les flancs de l'arrière de la tourelle comprennent une couche semi-réactive.

Le renseignement militaire fait ainsi état de 70 chars Leclerc impliqués dans le conflit avec pour seule réserve qu'ils restent stationnés dans leurs bases et ne soient jamais «observés en première ligne» de combat.

La DRM introduit cependant une nuance importante, signalant qu'«ils sont néanmoins déployés sur l'emprise d'Al-Khawkhah, à 115 kilomètres d'Al Hodeïda».

Les recherches effectuées par Disclose à partir d'images tournées sur les lignes de front, puis recoupées par des vues satellites, témoignent que les Leclerc ont participé à plusieurs grandes offensives de la coalition.

Grâce à des images satellites, Disclose a ainsi identifié des chars Leclerc dans une zone d'habitation située à cinq kilomètres d'Al-Hodeïda.

Le pod Damoclès

Damoclès est une nacelle de désignation de cible et d'imagerie infrarouge français utilisée sur les avions militaires.

Côté aviation, le document précise que des avions de chasse saoudiens sont équipés du système de «désignation laser» français Damoclès qui permet aux pilotes de guider tous les types de missiles.

Damoclès équipe également les avions de combat émiratis Mirage 2000-9 utilisés au Yémen. Selon le Sipri, les Émirats arabes unis possèdent 62 chasseurs au total.

L'avion de combat Mirage 2000-9

Version totalement polyvalente avec radar RDY-2, pod de désignation laser, vendue aux Émirats arabes unis. Cette version est capable de faire des missions air-air avec des capacités proches des 2000-5, air-sol avec des missiles Black Shaheen et air-surface avec des missiles Exocet, le tout avec ravitaillement en vol. Il possède aussi le mode de visualisation de cibles mobiles pour le suivi de véhicules au sol et un mode AIR/MER.

Parmi d'autres équipements aériens exportés par la France et directement impliqués dans la guerre, Disclose cite l'hélicoptère de combat Cougar chargé du transport des troupes saoudiennes et l'avion ravitailleur A330MRTT.

Un hélicoptère Cougar dasn le sud-ouest de la France

En outre, deux navires de fabrication française «participent au blocus naval» du Yémen: la frégate saoudienne de classe Makkah et la corvette lance-missiles émiratie de classe Baynunah, laquelle contribue «à l'appui des opérations terrestres menées sur le territoire yéménite».

la corvette lance-missiles émiratie de classe Baynunah

Plusieurs autres engins «made in France» évoqués par Disclose, tels que le char de combat AMX-30, le véhicule de combat d'infanterie AMX-10P, le véhicule blindé du génie Aravis ou encore les mortiers RTF1 et 2R2M sont accompagnés sur papier des mentions «non déployé au Yémen» ou «aucune information sur son emploi au Yémen». 

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