«Humiliation collective»: témoignage des lycéens interpellés brutalement à Mantes-la-Jolie

Filmés à genoux et mains sur la tête lors d’une interpellation brutale en décembre dernier, les lycéens de Mantes-la-Jolie ont été auditionnés par l'IGPN. Cités par le magazine Les Inrockuptibles, les adolescents et leurs parents ont partagé leurs ressentis et évoquent les traumatismes qu’a laissés cet incident qualifié d’«humiliation».
Sputnik

153 lycéens ont été interpellés le 6 décembre dernier devant le lycée Saint-Exupéry à Mantes-la-Jolie. Ils ont été contraints de se tenir à genoux et mains derrière la tête pendant plus d’une heure alors que des policiers filmaient la scène. Des vidéos qui ont par la suite choqué l’opinion publique.

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Cinq mois après les faits, l'IGPN (Inspection générale de la police nationale) a commencé à auditionner des lycéens pour faire la lumière sur ce qui s’était passé ce jour-là.

Fadila, la maman de Mounir, 15 ans, et Hanane, la maman d’Anas, 16 ans, ont attendu leurs enfants devant le commissariat du XIIe arrondissement de Paris, le 13 mai.

«Que nos enfants soient entendus aujourd’hui, c’est comme un premier combat de gagné. C’est une ouverture sur l’affaire. C’est important que tout le monde soit au courant. Les enfants n’ont pas l’âge pour subir ça», a partagé Fadila, citée par Les Inrockuptibles.

Elle a également évoqué les traumatismes qu’ont laissés cette interpellation. Ainsi, son fils refusait de sortir, ne voulait plus aller au lycée et sa moyenne a chuté depuis.

​La même histoire est arrivée à Anas qui «maintenant sort moins, il reste à la maison», a expliqué sa mère.

146 personnes interpellées devant un lycée de Mantes-la-Jolie après des heurts (images)
Après avoir été auditionné par l'IGPN, Mounir a dit que c’était important pour lui de se faire entendre et qu’il se sentait moins stressé depuis.

«Ce qu’a fait la police ce jour-là, ce n’est pas normal. J’espère que nous ne sommes pas venus ici pour rien», a-t-il ajouté.

Mounir avait été encerclé puis gazé et interpellé alors qu’il sortait du lycée pour rentrer chez lui.

«Il a reçu des coups de matraque dans les jambes pour qu’il se mette à terre. Un autre policier l’a poussé contre le sol et a mis le pied sur son sac à dos pour l’écraser. Ils ont jeté toutes ses affaires par terre», a témoigné sa mère.

Quelque temps plus tard, le jeune homme a vu la vidéo de son interpellation, laquelle l’a «choquée».

«Je n’avais pas entendu ce que le policier disait. En l’entendant, j’ai trouvé que c’était encore pire. Il nous humilie», a affirmé Mounir.

Anas a également annoncé que ce qui s’était passé lors de son interpellation était «de l’humiliation».

«La vidéo est atroce, mais ça ne s’arrête pas là», a ajouté Yessa Belkhodja, qui a monté un collectif de défense des jeunes du Mantois.

«Ensuite, pendant leurs gardes à vue, des coups ont été portés, des insultes racistes proférées, et sexistes aussi, car il y a des filles qui ont été arrêtées. L’important c’est l’aspect humain. Il y a un traumatisme sérieux. Ils n’ont pas découvert les violences policières mais ils ont subi une tentative d’humiliation collective. C’est tout un quartier qu’on a agenouillé», a-t-elle déploré.

153 lycéens ont été interpellés devant le lycée Saint-Exupéry à Mantes-la-Jolie le 6 décembre 2018. 122 d’entre eux ont été placés en garde à vue pour «participation à un attroupement armé». Cette interpellation a eu lieu après que deux voitures avaient été incendiées et que des heurts avaient eu lieu avec la police.

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