En vue de vérifier les informations circulant sur les réseaux sociaux depuis le mois d’avril et selon lesquelles les forces de l'ordre emploieraient désormais «un gaz plus puissant» contre les Gilets jaunes «dans certaines villes», Franceinfo a interrogé sur ce sujet des experts en la matière.
Cependant, Laurent Nunez, secrétaire d'État auprès du ministère de l'Intérieur, a assuré sur Franceinfo en février dernier que «la recette [la composition du gaz, ndlr] n'a absolument pas changé».
Si les observateurs confirment ce «ressenti» de grenades lacrymogènes «plus intenses», ils mettent surtout en cause les techniques employées en l’occurrence par les forces de l'ordre. Selon Pierre Bernat, membre de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) à Toulouse, cela s’explique par l'apparition dans l'arsenal des forces de l'ordre en 2016 du PGL-65, un lanceur multi-coups qui permet de tirer six munitions de 40 millimètres.
Cette technique de tir produit des effets différents selon la topographie, soulignent les observateurs. «Dans les petites rues de Toulouse, le nuage est extrêmement dense et intense. Aujourd'hui, on peut se perdre dans les nuages de lacrymos, on n'y voit pas à trois mètres», explique encore Pascal Gassiot.
«Le problème est que certaines constructions ou des arbres peuvent empêcher les gaz de se dissiper par le haut», poursuit Pierre Bernat, pour qui «cela pourrait expliquer des effets plus forts». «C'est moins le cas à Paris, où les manifs se déroulent sur des grandes artères, mais on a quand même constaté ces effets sur les Champs-Élysées où énormément de grenades ont été tirées», riposte Yann.
«Les grenades lacrymogènes ont été interdites en temps de guerre par la convention de Genève sur les armes chimiques, mais elles sont autorisées pour le maintien de l'ordre: c'est une aberration, selon André Picot, membre de l'Association toxicologie-chimie.
«On avait banalisé l'usage des lacrymos dans les manifestations. Même du côté des manifestants, cela faisait en quelque sorte partie du folklore. Aujourd'hui, l'utilisation des lacrymogènes est devenue très inquiétante», accuse Pascal Gassiot. «Ce n'est pas fait pour disperser les gens, c'est fait pour faire mal. Ça casse les gens sur place.»