Sur sa page Facebook, Johann Maheut, homme qui dit avoir fait partie des personnes interpellées le 1er mai à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, retrace les événements qui se sont retrouvés au centre de l'actualité ces derniers jours.
«Vers 16h, je suis avec des amis aux abords de l'hôpital, la manifestation est calme, nous sommes bloqués depuis quelques minutes, attendant de pouvoir continuer vers la place d'Italie. Nous supposons le cordon de CRS plus loin, hors de notre champ de vision. Soudain et sans aucune explication, ni sommation, une pluie de palets lacrymogène s'abat sur l'ensemble de la foule compacte, pas moyen de reculer ni de fuir, nous subissons les lacrymogènes et ses effets.»
L'homme tient à préciser qu'il n'y avait ni black blocs, ni personnes cagoulées autour de lui, mais des personnes ordinaires.
«Autour de moi, pas de casseurs ni de supposés black blocs, seulement des gens ordinaires de tous âges. Alors que les gaz se dissipent, j'aperçois une amie soutenant une femme âgée (80 ans?) qui suffoque et crache, comme la plupart des personnes autour de moi et moi y compris.»
«Un responsable de la sécurité (reconnaissable au badge qu'il porte à sa veste) ainsi qu'une femme dont il dépend (après recherches, il s'agit de la directrice de l'hôpital Marie-Anne Ruder), devant le terrible "spectacle" auquel ils assistent eux-aussi, affirment au petit groupe qui s'est formé autour d'eux et dont je fais partie, que nous pouvons rester ici (ce que nous comprenons alors être l'enceinte de l'hôpital) à l'abris le temps que "ça se calme"», ajoute Johann Maheut.
D'après lui, quelques minutes passent, pendant lesquelles les gens assistent aux «violences gratuites des forces de l'ordre à l'extérieur», quand une ligne de CRS se forme au niveau de la grille du lieu où ils se sont réfugiés. La charge des forces de l'ordre fait fuir tout le monde, Johann court et entend dans son dos des «tirs de LBD».
«Sous la panique, la seule issue semble cet escalier que d'autres ont déjà commencé à gravir, et donc je commence à gravir cet escalier mais sans vraiment réaliser où il mène. La peur m'incite à monter. […] D'en bas, les motards nous mettent en joue avec les LBD et hurlent de redescendre les mains sur la tête», reprend l'homme.
Ensuite, selon lui, un CRS fait redescendre les manifestants. Lorsque que Johann Maheut arrive au bas de l'escalier, une «partie de notre groupe ainsi formé est allongé au sol face contre terre, les mains sur la tête».
Le 2 mai, CheckNews de Libération a constaté que l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, n'avait été ni attaqué, ni endommagé la veille, lorsque des manifestants s'étaient introduits dans son enceinte. D'après de nombreux témoignages, ces derniers cherchaient à s'y refugier pour échapper aux forces de l'ordre.
Ces révélations infirment la version des faits présentée plus tôt par Christophe Castaner, lequel avait dénoncé une «attaque» contre l'hôpital et déclenché une vive polémique. Le vendredi 3 mai, le ministre de l'Intérieur avait déclaré devant les journalistes à Toulon, dans le Var, qu'il n'aurait pas dû employer le mot «attaque» mais plutôt «intrusion violente».