Crise au Venezuela: «rien à voir avec la démocratie», il n’y va que de «la domination US»

L’administration de Donald Trump ne cesse de soutenir le chef de l’opposition vénézuélienne Juan Guaido qui s’est proclamé Président par intérim du pays. Washington déclare même ne pas exclure de faire intervenir l’armée américaine au Venezuela. Sputnik s'en est entretenu avec Nick MacWilliam, journaliste britannique établi en Amérique latine.
Sputnik

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a déclaré dans une interview qu'une intervention militaire serait possible si Nicolas Maduro n'était pas destitué par d'autres moyens, a rappelé à Sputnik Nick MacWilliam, journaliste britannique établi en Amérique latine, commentant le soutien accordé par Washington au chef de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido et une perspective d'ingérence armée des États-Unis au Venezuela.

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«C'est en tout cas la ligne que les États-Unis s'appliquent à promouvoir. […] Je pense toutefois qu'à ce stade, c'est plutôt un bluff, destiné notamment à maintenir la pression sur le gouvernement Maduro, à accroître l'instabilité et à terroriser le peuple du Venezuela pour qu'il prenne position contre Maduro», a raconté l'interlocuteur de l'agence.

Évoquant la position des dirigeants d'autres pays d'Amérique latine, le journaliste a constaté que, notamment le Président brésilien Jair Bolsonaro et son homologue Ivan Duque en Colombie semblaient être en concurrence pour «faire le plus plaisir aux États-Unis» et «se faire le plus servile» face aux Américains.

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Quant à l'obstination de Washington d'imposer Juan Guaido comme Président au peuple vénézuélien, M.MacWilliam a estimé que cela n'avait rien à voir avec les droits de l'Homme ni avec la démocratie.

«Cela n'a rien à voir avec la démocratie ni les droits de l'Homme, il ne s'agit que de la volonté de renverser un gouvernement opposé à la domination américaine dans la région, qui a montré qu'une autre voie était possible. C'est aussi le désir [des États-Unis, ndlr] de contrôler un pays qui dispose de la première ou de la deuxième réserve de pétrole au monde», a-t-il expliqué.

Et de constater que bien des médias américains et autres avaient joué un rôle de premier plan dans la promotion de cette ligne, en décrivant notamment le Président Maduro comme un tyran.

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«Si Maduro était un tyran, Guaido serait isolé déjà depuis longtemps, mais il marche toujours librement dans les rues et fomente des manifestations contre le gouvernement afin d'arriver au pouvoir et ce, pour transférer les énormes richesses naturelles du Venezuela aux États-Unis. […] Un homme qui est prêt à soutenir une action militaire contre son propre pays, contre son propre peuple, ce n'est pas un Président, ce n'est pas un chef d'État. Ce n'est qu'une farce pure et simple», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.

Mardi 30 avril, Juan Guaido était intervenu devant ses partisans réunis à l'extérieur d'une base militaire, annonçant le début de la «fin définitive de l'usurpation» et appelant à rejoindre les manifestants dans leur lutte contre le gouvernement en place.

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Nicolas Maduro a ensuite annoncé l'échec du coup d'État et a fait savoir qu'il avait ordonné d'ouvrir une enquête sur cette tentative et que plusieurs putschistes présumés étaient déjà interrogés. Il a ajouté que tous ceux qui avaient pris les armes pour renverser le pouvoir seraient retrouvés et jugés. Le chef de l'État avait précédemment indiqué que les forces armées étaient restées fidèles au pouvoir.

Les protestations se poursuivent depuis plusieurs mois au Venezuela, confronté à une grave crise économique assortie de tensions politiques. Le 23 janvier, Juan Guaido s'est proclamé Président par intérim devant une foule de partisans. Or, depuis lors, le pouvoir reste bien en place, alors que les manifestations sont devenues moins massives à travers le pays.

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