Lancé le 1er mai à l'occasion de la Journée du souvenir pour la Shoah et l'héroïsme, ce compte Instagram qui adapte le journal intime d'une jeune fille juive morte à Auschwitz en 1944 invite ses followers à mieux comprendre la Shoah par une nouvelle expérience.
Dans une interview accordée au New York Times, l'un des créateurs d'eva.storiez, Mati Kochavi, a expliqué que pour faire revivre la mémoire de la Shoah à l'extérieur d'Israël, ils souhaitaient proposer une expérience «vraiment perturbante».
«Supposons qu'au lieu d'un stylo et du papier Eva avait un portable et postait ce qui se passait autour d'elle. Nous avons donc apporté un smartphone en 1944», a-t-il expliqué.
Ainsi, 70 courts épisodes témoignent de la vie d'Eva à partir du 13 février 1944 jusqu'à 30 mai 1944. Les premières vidéos couvrent une heureuse existence bourgeoise d'avant-guerre qui s'interrompt avec l'invasion nazie dans la ville natale d'Eva en Hongrie. Puis la famille d'Eva est forcée de s'installer dans le ghetto pour y subir des humiliations incessantes, avant que la jeune fille ne se retrouve dans un train pour Auschwitz, ce camp d'extermination d'où elle ne reviendra jamais.
D'ailleurs, il y a ceux qui pensent que le projet de Mati Kochavi ouvre la voie à la banalisation de la tragédie. Pour Yuval Mendelson, musicien et professeur d'éducation civique, il s'agit «d'une démonstration de mauvais goût».
«Et pire encore, il y aura des conséquences. Le chemin qui relie l'histoire d'Eva à la prise de selfies aux portes d'Auschwitz-Birkenau est court et raide», a-t-il écrit dans un article publiée dans le journal israélien Haaretz.