Cette campagne électorale se déroule dans un climat politique d'instabilité et d'incertitude et des surprises n'y sont sans doute pas à exclure, a estimé dans un entretien accordé à Sputnik l'analyste politique espagnol Javier Hurtado Mira.
«Un grand nombre d'électeurs qui n'étaient pas très actifs dans les sondages et n'ont pas dit pour qui ils allaient voter serait une grande surprise. Il y aura beaucoup de voix en faveur du parti Vox [qui prône l'interdiction des partis séparatistes et milite pour une recentralisation de l'Espagne, ndlr]», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et d'expliquer que beaucoup étaient fatigués, voire déçus, par des partis, tels que le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), compromis par de multiples cas de corruption et accusé de gestion économique inefficace.
«Beaucoup sont également mécontents par la classe politique bien déterminée. Bien que le Parti populaire (PP) ait modifié ses listes électorales, il y a des gens qui n'oublient pas les années du Premier ministre Rajoy et ne lui pardonnent pas son manque d'idéologie et de vrai programme de centre droit qui puisse transformer l'Espagne», a constaté l'expert.
Selon ce dernier, la société espagnole est somme toute préoccupée par «l'unité nationale, une mauvaise gestion économique et les abus des privilèges par les hommes politiques».
«Et les gens donneront cette voix du mécontentement en faveur de Vox qui serait la troisième force politique, bien que les sondages ne lui donnent que la quatrième ou même cinquième place», a résumé Javier Hurtado Mira.
Beaucoup de gens ont répondu à l'appel de Vox adressé aux patriotes pour se lever à la défense de l'Espagne à ce moment critique, a rappelé à Sputnik Ignacio Garriga, candidat du parti Vox pour la Catalogne aux élections du 28 avril.
«Il s'agit de défendre la liberté qui est, selon nous, sérieusement menacée à présent. […] Ce mouvement de patriotes dit "on a assez" de tant d'années pendant lesquelles les partis politiques se sont détournés des citoyens», a-t-il détaillé.
Ignacio Garriga a également parlé de la situation en Catalogne.
«Des partis politiques tels que le PSOE et le PP faisaient preuve d'apathie, alors que les nationalistes attisaient la confrontation et la haine entre les Catalans et les Espagnols tout au long des années», a souligné le candidat de Vox aux élections.
Dimanche 28 avril, les Espagnols éliront les 350 députés du Congrès ainsi que 208 des 266 sénateurs. Pendant plusieurs décennies, deux grandes forces politiques — le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et le Parti populaire (PP) de centre droit — se sont succédées au pouvoir en Espagne. Tel n'est plus le cas, car cette tendance bipartite a pris fin lors des élections de décembre 2015, quand deux nouveaux partis sont entrés au Congrès des députés: Podemos (gauche) et Ciudadanos (centre droit, se définissant comme centriste). Invité surprise de ces élections générales, le parti Vox pourrait bien entrer en force au parlement national.