Le 23 avril 2019, Vladimir Poutine a participé au lancement de la construction de deux frégates du projet 22350, l'Amiral Amelko et l'Amiral Thcitchagov, au chantier naval Severnaïa Verf de Saint-Pétersbourg. Il a assisté à l'assemblage de deux grands blocs de la coque de la corvette du projet 20386 Mercury, écrit le quotifien Vzgliad.
Beaucoup de choses ont été dites sur le Poséidon. Vladimir Poutine avait fait de la publicité à cet appareil sous-marin à portée illimitée en l'évoquant dans son allocution devant l'Assemblée fédérale l'an dernier, quand ce drone était encore connu des spécialistes comme le projet Statut-6. En février dernier, le président russe a annoncé que le premier sous-marin nucléaire porteur de Poséidon était prêt à être mis à l'eau en mai. Et il n'a pas menti: le sous-marin Belgorod est déjà accosté au quai de Severodvinsk.
Très récemment, la chaîne CNBS, se référant à un rapport du renseignement américain, affirmait que le Poséidon ne serait pas mis en service dans la marine russe avant 2027. Le reportage soulignait que les États-Unis ne disposaient pas d'analogue de cette arme russe, que le sous-marin porteur de drones submersibles nucléaires était «difficile à identifier», et que les drones qu'il lançait étaient «difficiles à éliminer». Bref, le renseignement américain s'est trompé de 6-7 ans dans son estimation.
On sait depuis longtemps que le sous-marin Belgorod sera le premier porteur officiel de Poséidon (d'autres sous-marins avaient été utilisés lors des essais précédents). L'équipage du sous-marin a été préalablement constitué: il sera dirigé par le commandant de vaisseau Anton Alekhine, qui a traditionnellement brisé une bouteille de champagne sur le bord du sous-marin ce 23 avril. Un autre porteur de drones sous-marins sera le jumeau du projet 09851 Khabarovsk, dont la construction se termine actuellement au chantier naval Sevmach.
Que sait-on du porteur le plus expérimental du système Belgorod? Il s'agit d'un projet remanié du sous-marin nucléaire polyvalent 949A Anteï, un analogue du sous-marin Koursk, qui a connu un parcours difficile. Sa construction a commencé en 1992, mais en 1994 déjà il a été exclu de la marine et placé en conservation. Après le naufrage en septembre 2000 du sous-marin de même classe, il a été décidé de réanimer le Koursk, mais la construction n'a pas dépassé 80% de la progression. C'est seulement en 2012 que le commandement de la marine a annoncé que le Belgorod serait achevé dans le cadre d'un projet spécial. Il a alors été planifié pour le projet 09852 dans le cadre duquel le sous-marin a été mis à l'eau aujourd'hui.
A cette époque, il n'était pas encore question d'y embarquer des Poséidon (drones Statut-6). Ce sous-marin était censé porter des appareils sous-marins à grande profondeur de type Locharik (sans armement) ou des stations autonomes à grande profondeur Paltous et Nelma. Autrement dit, le Belgorod a été initialement conçu en tant que sous-marin-mère. On ignore tout de la présence à son bord d'autres armements tels que les missiles antinavires Granit, Oniks ou les missiles de croisière Kalibr.
C'est probablement dans les conteneurs latéraux des compartiments du milieu, en dehors de la coque solide, où étaient placés 24 missiles Granit, que les Poséidon trouveront leur place. Ce n'est certainement pas un hasard si le sous-marin a été allongé de 30 mètres. Toutefois, même visuellement, le nouveau vecteur de drones submersibles ne pouvait pas être identifié: aucune photographie n'était autorisée lors de la mise à l'eau.
Pendant sa modification, le sous-marin stratégique Podmoskovie a été doté d'un compartiment destiné aux équipements pour mener des travaux sous-marins et d'une attache dans la partie inférieure de la coque. Mais les Américains ignoraient la véritable vocation de ce sous-marin, ce qui a renforcé leur nervosité. Pendant ce temps, la Russie travaillait activement à la création de futurs sous-marins de 5e génération munis de plateformes modulaires unifiées dotés d'armements intégrés et de complexes robotisés.
Le sous-marin Belgorod (et ensuite le Khabarovsk) deviendront les premiers sous-marins de 5e génération qui embarqueront des drones et des complexes robotisés. La tactique d'action de la flotte sous-marine russe deviendra complètement différente et, surtout, imprévisible pour l'ennemi. Les sous-marins seront capables de lancer leurs «petits», appelés à devenir un élément de dissuasion stratégique et capables d'éliminer des groupes aéronavals entiers et des cibles sur les territoires côtiers, sans même se rapprocher de l'ennemi, littéralement depuis le quai.
Il est fort possible que le Poséidon, le Skif et d'autres drones opérationnels à grande profondeur fassent partie du même projet. Du moins, ils sont unis par un même vecteur: un sous-marin à propulsion nucléaire dont le premier, le Belgorod, a déjà été mis à l'eau.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.