Ravagée par un grand incendie le 15 avril, la cathédrale Notre-Dame sera rénovée d'ici cinq ans, a promis le Président de la République. Mais l'édifice pourrait subir des changements.
«La vision que nous avons aujourd'hui d'un monument gothique monolithe, d'un seul tenant, d'une seule époque de construction est une image faussée donnée par les restaurations du 19ème siècle qui visaient à isoler et à magnifier le monument», tient à souligner Mathias Dupuis, archéologue du bâti, cité par BFM TV. D'après lui, les cathédrales sont en fait «des édifices composites formés par un assemblage de structures, de maçonneries de différentes époques», loin d'une «unité de style».
Ainsi, certains experts mettent en cause la nécessité de refaire la charpente en bois. «Si on veut aller vite, il vaut mieux ne pas le faire en bois, d'autant que cette charpente n'est pas vue», explique l'architecte Marc Mimram. «L'exemple de Reims [détruite par des bombardements en 1914, ndlr] montre qu'on peut construire en béton. Les exemples d'autres cathédrales montrent qu'on peut construire en acier».
D'autres spécialistes s'interrogent sur les matériaux à utiliser. Sur France Inter, l'architecte Jean-Michel Wilmotte imaginait ainsi très bien une couverture en cuivre, voire en titane.
«La flèche peut être en carbone, ça peut être exceptionnel. […] C'est peut-être intéressant qu'elle ait une nouvelle histoire», a-t-il souligné.
Le Premier ministre Edouard Philippe a par ailleurs annoncé le 18 avril la création d'un concours international d'architecture en vue de déterminer «s'il faut reconstruire la flèche qui avait été pensée et construite par Viollet-le-Duc [la rénovation menée par Eugène Viollet-le-Duc au XIXe siècle, ndlr] à l'identique, ou s'il faut, comme c'est souvent le cas dans l'évolution du patrimoine et des cathédrales, doter la cathédrale de Notre-Dame de Paris d'une nouvelle flèche adaptée aux techniques et aux enjeux de notre époque».