Après l'incendie de Notre-Dame de Paris, la polémique commence à enfler autour des dons affluant par centaines de millions d'euros pour la reconstruction de la cathédrale, car, selon une loi de 2003, les entreprises qui investissent dans la culture peuvent déduire 60% d'impôt sur la somme investie en faveur du mécénat, et 66% d'impôt sur le revenu pour les particuliers.
Cette situation a été épinglée dans un tweet par l'économiste Julia Cage, qui avait participé à la campagne de Benoît Hamon en 2017. Selon elle, «les milliardaires doivent payer des impôts (dont l'ISF…), pas donner quand bon leur semble, en bénéficiant au passage d'énormes réductions d'impôt».
Gilles Carrez, député Les Républicains (LR) du Val-de-Marne et rapporteur spécial du programme patrimoine pour la commission des finances de l'Assemblée nationale, a également observé dans Le Monde qu'avec cette niche sur le mécénat, «c'est la collectivité publique qui va prendre l'essentiel» des frais de reconstruction en charge, ajoutant que «c'est tout le problème de ce genre de dispositif: ça peut poser un problème budgétaire».
De son côté, l'ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon a appelé sur Twitter à ce que «l'État décrète vite Notre-Dame "trésor national", de façon à ce que les dons […] bénéficient d'[une] réduction d'impôt de 90 %».
Sur fond de cette polémique, François-Henri Pinault a préféré désamorcer le débat au plus vite. La famille Pinault a annoncé le mercredi 17 avril qu'elle ne ferait «pas valoir l'avantage fiscal» auquel pouvait prétendre son don de 100 millions d'euros.
«La donation pour Notre-Dame de Paris ne fera l'objet d'aucune déduction fiscale. La famille Pinault considère en effet qu'il n'est pas question d'en faire porter la charge aux contribuables français», indique dans un communiqué, cité par l'AFP, François-Henri Pinault, président de la holding familiale et PDG du groupe de luxe Kering.
Au lendemain de l'incendie qui a ravagé Notre-Dame le 15 avril, la famille Pinault a annoncé débloquer 100 millions d'euros à travers sa société d'investissement Artemis, pour la reconstruction de la cathédrale. Un peu plus tard, LVMH, numéro un mondial du luxe, et la famille Arnault à sa tête ont annoncé un don de 200 millions d'euros. Dans la foulée, les annonces se sont succédées, de Total (100 millions) à la famille Bettencourt-Meyers, actionnaire de L'Oréal (200 millions) en passant par les Decaux, à travers JCDecaux Holding (20 millions) ou Martin et Olivier Bouygues (10 millions).