Faisant partie de la délégation des Gilets jaunes qui s'est rendue aujourd'hui au Sénat pour discuter avec la sénatrice Catherine Fournier, présidente de la commission spéciale sur le projet de loi Pacte, d'une possible privatisation d'Aéroports de Paris (ADP), Éric Drouet a commenté à Sputnik la décision du Sénat d'annuler ce rendez-vous.
Selon lui, 20 minutes avant la rencontre, leur délégation a appris par un appel téléphonique qu'elle était annulée. «On a eu l'information que c'était Bruno le Maire qui avait appelé pour que le rendez-vous soit annulé», a-t-il indiqué.
M.Drouet n'était pas tout à fait d'accord avec un Gilet jaune, à côté de lui, qui supposait que la rencontre avait été annulée parce que des médias le traitaient «de terroriste».
«Non, c'est peut-être le fait que ce rendez-vous soit plus médiatisé du fait de ma présence et plus relayé peut-être […] et les gens soient plus au courant de ce qui va se passer avec la vente d'ADP et que nous, simples citoyens, avec certains sénateurs, on discute de cela pour savoir comment on peut annuler tout cela», a-t-il supposé.
Toutefois, M.Drouet a estimé que la décision du Sénat prouvait que les autorités françaises ne voulaient pas dialoguer avec les Gilets jaunes.
«[Je suis] déçu, oui, et au final non, parce que cela va leur faire de la mauvaise pub parce que cela prouve que les Gilets jaunes depuis le début sont ouverts au dialogue et le dialogue n'est refusé que par le gouvernement au final. Nous, on est là et prêts à discuter de même de toutes les revendications des Gilets jaunes et eux, ils ne veulent rien entendre en fait», a-t-il ajouté.
Interrogé par Sputnik sur le même sujet, Martial Bourquin, sénateur du Doubs, s'est dit non seulement «surpris, mais complètement désappointé» par le refus du Sénat de recevoir la délégation des Gilets jaunes, mouvement qui «a amené un vent de fraîcheur dans la vie politique».
Un autre sénateur a aussi félicité la délégation des Gilets jaunes d'être venue sur le sujet de la privatisation de l'aéroport de Paris, ce qui constitue, selon lui «un scandale absolu»:
«La question ce n'est pas le Sénat, c'est les contre-pouvoirs. Est-ce qu'il y a une place dans la démocratie selon Macron pour les contre-pouvoirs? La vraie question, elle est là».
Enfin le sénateur a plaisanté et s'est dit étonné que le gouvernement traite M.Drouet d'homme «infréquentable» et demandait au Sénat de ne pas le recevoir.
Plus tôt dans la journée, l'AFP a informé que le Sénat avait annulé la réunion à la dernière minute en évoquant un «risque de troubles à l'ordre public». Lundi soir, une délégation des Gilets jaunes a rendu publique l'information concernant cette rencontre, entraînant sa médiatisation. Mardi, un certain flottement a régné jusqu'au dernier moment sur le lieu où elle pourrait se tenir, avant qu'elle ne soit finalement annulée, sur décision de la présidence du Sénat.