Les «pistes explosives de Macron» pour réformer le service d'État, selon Le Monde

Pour remédier à la crise sociale, la présidence souhaite réformer le service d'État, affirme Le Monde. Parmi les points clés: la discrimination positive des hauts fonctionnaires et la fin de l'intégration automatique dans de grandes institutions. Mais Emmanuel Macron parviendra-t-il à le réaliser?
Sputnik

Le Premier ministre Edouard Philippe a assuré mardi 2 avril devant l'Assemblée nationale que des solutions «puissantes» pour contrer la crise sociale seront appliquées. Ainsi, l'Élysée se penche sur des pistes concrètes notamment dans le domaine de la haute fonction publique qui peuvent en fait «ébranler quelques piliers», relate Le Monde.

Font l'objet de discussions: l'égalisation des possibilités pour les milieux modestes et favorisés, la discrimination positive à l'entrée dans l'École nationale d'administration (ENA), la déontologie et la rémunération, ainsi que compte mettre un terme à l'embauche automatique dans de grands organismes. Le journal analyse de près les dossiers essentiels.

Formation

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Le Président de la République souhaiterait réformer profondément la formation des futurs hauts responsables, vu les «protections hors du temps» de cette «caste» contre lesquelles il mettait personnellement en garde dans son programme en 2017, d'après des sources auprès de l'exécutif.

L'une des tâches prévoit que l'inscription des établissements d'élite administrative devienne plus représentative de la nation française. Emmanuel Macron semble donc réfléchir à l'initiative proposée en 2001 par le directeur de l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris, Richard Descoings, à savoir la réservation de places pour les étudiants en provenance des zones d'éducation prioritaire, précise Le Monde. Une mesure qui s'est avérée «assez efficace pour ouvrir l'institution», a ajouté une source au sein du gouvernement: près de 2.000 élèves ont pu s'inscrire dans l'institution parisienne entre 2001 et 2018 et le nombre de boursiers a grimpé de 14% (passé de 12% à 26% entre 2005 et 2018).

Égalisation des chances

Une inégalité existe toujours entre les étudiants plus et moins favorisés. Un déséquilibre est à noter notamment dans les établissements formant les hauts fonctionnaires: six enfants de cadres sur 10 à Polytechnique et sept sur 10 à l'ENA, explique le journal, citant une étude du chercheur du Cevipof, Luc Rouban, de 2015 (dans les décennies 1950 et 1960 le chiffre s'élevait à 45%). À l'ENA, seulement quelques jeunes ont pu s'inscrire à l'école en 10 ans grâce au programme «égalité des chances» lancé en 2009.

«Ce qui est valable pour Sciences Po ou l'ENA, pourquoi on ne l'appliquerait pas aux autres établissements ayant le même problème?», propose une source proche de la présidence, citée par Le Monde.

Si la proposition de Richard Descoings a déclenché à l'époque une vive opposition, il n'existe pas d'autre moyen de réduire l'inégalité dans le système éducatif.

«Si on ne fait pas un peu de discrimination positive, on n'y arrivera pas», estime une élue de la majorité.

«Culture commune de l'État»

Une autre tâche qu'assume la présidence est de faire en sorte que tous les élèves des établissements pour les hauts fonctionnaires aient une «culture commune de l'État», une qualité qui serait «défaillante chez certains», selon un conseiller de l'exécutif citant des magistrats.

Intégration dans de grandes institutions

La voie directe de l'ENA vers des postes dans d'importants organismes serait aussi sur le point d'être réformée. Aujourd'hui, ceux qui obtiennent les meilleurs résultats à la sortie de l'école peuvent compter sur des postes au sein de la Cour des comptes, du Conseil d'État ou l'inspection générale des finances, signale le journal. Or, l'Élysée semble désormais enclin à modifier ce procédé:

«Vous passez un concours à 25 ans, vous sortez bien classé, vous entrez dans un grand corps. C'est une espèce de rente, et vous savez ce qu'Emmanuel Macron pense de la rente… Ce n'est pas la vision qu'il a de la mobilité», pointe une source dans son entourage.

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Par conséquent, le classement de sortie ne sera pas aboli, mais sera limité, ne permettant de rejoindre que des «corps de base» tels que la préfectorale, la diplomatie ou Bercy, forçant le jeune professionnel à faire preuve de ses capacités sur le terrain, résume Le Monde.

Au sein du gouvernement, l'ambiance est marquée par des «tensions très fortes» face à ce dossier, d'après le Matignon, de nombreuses questions restent toujours sans réponse, l'une d'elles concernant la façon de mener la sélection. En outre, les craintes quant à l'éventuelle diminution de l'attractivité des écoles ne sont pas négligeables.

La réforme de Nicolas Sarkozy, alors chef de l'État, de 2008 a fini par être abandonnée lorsqu'il a essayé de mettre fin au classement à la sortie de l'ENA, rappelle le quotidien.

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