Il ne faut pas le cacher, la situation est aujourd'hui très tendue entre les pays de l'Union européenne et le Royaume-Uni. La possibilité d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE sans accord, ce que l'on appelle le «no deal», est désormais une véritable probabilité, même si l'on ne peut exclure un accord de dernière minute. La tentative de Mme May de rallier à sa cause, et à un accord, le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn [1], est un exemple de ces manœuvres de dernière minute. Mais, la possibilité d'un échec, et d'une sortie sans accord, n'en existe pas moins.
Où en est-on?
L'importance du Royaume-Uni pour l'UE
Le Brexit secoue profondément l'Union européenne, et il y a de bonnes raisons à cela. Tout d'abord, il créé un précédent. La question que l'on se pose et donc de savoir qui pourrait imiter le Royaume-Uni. Mais, ce n'est pas la seule raison, même si c'est une raison qui terrifie un certain nombre de politiciens que l'on qualifiera d'européistes.
Il convient de savoir que la situation du Royaume-Uni a beaucoup évolué. Il y a 20 ans, le Royaume-Uni n'était que la quatrième économie de l'UE, derrière l'Allemagne naturellement, mais aussi la France et l'Italie. Mais, aujourd'hui, il est n°2, étant repassé devant la France et l'Italie. C'est donc une économie qui pèse lourd et qui compte. N'oublions pas, de plus, que Londres est la place financière centrale de l'UE.
Par ailleurs, le Royaume-Uni, et ce en dépit de l'accord obtenu par Margaret Thatcher, est aujourd'hui le deuxième contributeur net au budget de l'UE avec 4,2 milliards d'euros, derrière l'Allemagne (8,6 milliards) mais devant la France (3,2 milliards) [3]. Autrement dit, le Royaume-Uni est, ou plus précisément était, un vrai poids lourd au sein de l'UE, et ce sans compter le secteur financier.
Les gagnants et les perdants
Alors, certains agitent le risque, fort hypothétique, d'une interruption totale des échanges à la suite du Brexit. Là, il convient de le dire, on joue à se faire peur. En fait, les grands pays de l'UE, l'Allemagne et dans une moindre mesure la France, réalisent une partie non négligeable de leur commerce avec le Royaume-Uni. En cas de sortie de ce dernier sans accord, ils auraient beaucoup à perdre à une guerre commerciale.
C'est en particulier vrai pour l'Allemagne dont l'économie connaît, au premier trimestre, un fléchissement important de l'activité. Il faut ici regarder les chiffres, et ils sont éloquents.
Pour la France, la situation semble plus équilibrée, même si depuis 1999, la balance commerciale a été très souvent à l'avantage de l'Hexagone. Il est cependant clair que la France aurait beaucoup à perdre à une rupture des relations commerciales avec le Royaume-Uni. Cela pénaliserait de nombreuses branches industrielles, comme l'automobile, mais aussi l'aéronautique et pourrait avoir des conséquences très fâcheuses pour une grande part des entreprises de la «fintech».
C'est d'ailleurs ce qui rend la position intransigeante d'Emmanuel Macron assez incompréhensible, car nous aurions beaucoup à pâtir d'une guerre commerciale avec le Royaume-Uni. Rappelons, enfin, que si plusieurs centaines de milliers de Britanniques résident sur le territoire français, pour l'essentiel des retraités, des centaines de milliers de Français actifs travaillent en Grande-Bretagne. Ici encore, la France n'a pas intérêt à ce que les choses se passent mal.
Les raisons de la confiance
La confiance qu'a exprimée Theresa May dans le futur de l'économie britannique, et ce même dans l'hypothèse d'un «no deal» [4], montre bien en l'état quels sont les rapports de forces réels entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.
[2] https://brexitcentral.com/brexiteers-nothing-fear-fear-right-now/
[3] https://www.touteleurope.eu/actualite/budget-europeen-pays-contributeurs-et-pays-beneficiaires.html
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.