Les scientifiques ont analysé les conséquences de ce phénomène pour en conclure qu'au cours des cent dernières années, ces épisodes dangereux étaient devenus plus fréquents et plus longs.
La bulle chaude en Alaska
En hiver 2013, dans le golfe d'Alaska, les chercheurs qui avaient prélevé les données des bouées d'observation ont été surpris par les températures élevées pour cette saison. La bulle (Blob) d'eau chaude formée à proximité de la côte de la péninsule s'est maintenue tout l'hiver et, en 2014, s'est étendue vers le sud.
En été, une eau inhabituellement chaude a été constatée dans l'océan Pacifique le long du littoral de l'Alaska jusqu'au Mexique. En septembre, par endroits, la température était supérieure de 7°C par rapport à la norme.
Le réchauffement du nord de l'océan Pacifique a lancé plusieurs processus destructeurs à la fois. Les algues vivant dans l'eau ont commencé à fleurir en émettant des toxines, empoisonnant par là même l'eau pour de nombreux animaux marins et pour l'homme. De nouvelles algues ont fait leur apparition dans l'océan, appréciant davantage la chaleur mais moins nutritives pour les habitants de ces lieux. Au final, de nombreux oiseaux et de mammifères marins sont morts.
Algues laminaires mortes et crabes toxiques
Les vagues de chaleur sont un état anormalement chaud d'un milieu, qui peut durer des semaines voire des mois. Les vagues de chaleur atmosphériques nous sont plus familières, car nous les ressentons directement. En 2010, une telle vague atmosphérique a provoqué en Russie d'importants incendies de tourbe et de forêt.
D'après ces scientifiques, la canicule a surtout frappé les habitants marins. En examinant la prévalence de 67 espèces animales, les chercheurs ont déterminé que 37 d'entre elles s'étaient déplacées bien plus au nord par rapport à leur aire géographique. Ils ont noté toute une invasion d'une espèce de mollusques, le Lottia gigantea (bernicle), et du cirripède Tetraclita rubescens.
La réaction de l'océan au réchauffement
Les vagues de chaleur les plus connues sont liées aux El Nino de 1982-1983 et de 1997-1998. En 1999 et en 2003 elles ont touché la Méditerranée, en 2011 l'Australie occidentale, en 2012 le nord-ouest de l'Atlantique, avant la période du Blob dans le nord de l'océan Pacifique et près de l'Australie en 2013-2016.
Il a été calculé que depuis 1925, les vagues de chaleur étaient devenues plus fréquentes de 34% et s'étaient prolongées de 17%. Cela s'explique facilement par le réchauffement global de l'atmosphère et de l'océan, mais dans ce cas il faut s'attendre à ce que la situation continue de se détériorer.