Tout quitter pour la Crimée: le récit de trois entrepreneuses russes

Tout quitter pour tenter sa chance sur une nouvelle terre? Alors que l’image de la Crimée est souvent associée négativement aux sanctions internationales, trois jeunes entrepreneuses ayant quitté la partie continentale de la Russie pour aller y vivre font part de leurs expériences au micro de Sputnik.
Sputnik

Chacune des trois femmes qui se sont confiées à Sputnik a un jour décidé de plier bagage et de quitter la Russie continentale pour la péninsule de Crimée. Guidées par des circonstances personnelles et professionnelles, elles étaient également en quête de soleil, d'air marin et d'espace, en bref de toutes ces choses qui manquent dans les grandes villes.

Dans une interview accordée à Sputnik, Ioulia, une enseignante, par ailleurs fondatrice de l'atelier de langue anglaise Integrate, Irina, une écrivaine et propriétaire de l'auberge de jeunesse Strelka, ainsi que la créatrice du projet éco alimentaire Vkous Krym (Le Goût de la Crimée), Evgénia, expliquent pourquoi elles ont pris le risque de monter leurs propres business en Crimée.

Sacrifier la vie dans une mégapole à celle sur la péninsule: les avantages

«L'avantage principal […], c'est la possibilité de combiner le travail et le repos. […] J'ai désormais la chance d'organiser des cours dehors et de voyager avec mes étudiants», confie Ioulia Plastinina, qui enseigne l'anglais.

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Ioulia Plastinina, fondatrice de l'atelier de langue anglaise Intergate avec ses étudiants, en Crimée
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Ioulia Plastinina, fondatrice de l'atelier de langue anglaise Intergate avec ses étudiants, en Crimée
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Ioulia Plastinina, fondatrice de l'atelier de langue anglaise Intergate
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L'auberge d'Irina Lougovaya en Crimée
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L'auberge d'Irina Lougovaya en Crimée

Partir vivre sur la côte, à Sébastopol, était aussi une idée de son mari, ingénieur en navigation dont l'arrière-grand-père est enterré là-bas.

«Sébastopol, c'est une ville-monument», poursuit Ioulia. «Toute ma famille a commencé à s'intéresser plus à l'histoire. Nous voyageons vraiment beaucoup à travers la Crimée, à pied, en voiture, sur un yacht. Ces choses, elles nous manquaient beaucoup en mégapole.»

Pour Evgénia Tiapnina, qui habitait aussi dans la région de Moscou, le déménagement sur la péninsule était crucial. Après avoir divorcé, elle a compris que plus rien ne la retenait dans cette partie du pays. La santé de son fils, qui tombait souvent malade à Moscou, s'est également immédiatement améliorée grâce au doux climat criméen:

«De plus, le rythme de la vie est plus lent, la ville est plus petite, on n'est pas coincé dans des embouteillages, on peut s'accorder plus de temps ainsi qu'à sa famille, à son éducation.»

Sanctions contre la Crimée, blackout total sur la péninsule et autres obstacles

«Les sanctions imposées contre la péninsule ont aggravé la situation lors du déménagement. Elles ont impacté le système de paiement, les grandes banques russes ne fonctionnant pas en Crimée. Nous sommes clients des banques locales», fait part Ioulia.

Qui plus est, estime-t-elle, il n'y a pas encore de grandes maisons d'édition, ni de centres méthodiques pour enseignants, ce qui les oblige à acheter le matériel pédagogique sur le continent.

Les transformations en Crimée en cinq ans vues par des hommes politiques étrangers

Travaillant dans des domaines différents, ces trois femmes attirent l'attention sur la mentalité exceptionnelle des Criméens, sur leur attachement aux habitudes de vie anciennes, ce qui a cependant changé petit à petit suite à la réunification avec la Russie.

«Juste après notre déménagement, il y a eu un immense blackout énergétique en Crimée, toute la péninsule a été privée de lumière et de chauffage en hiver», poursuit Ioulia.

«Nous travaillions et vivions en allumant des bougies, nous rallumions la lumière selon les horaires. Les gens s'entre-aidaient, il y avait des cuisines chaudes et des points de réchauffement. Cette période a beaucoup uni les Criméens.»

Irina Lougovaya, propriétaire d'une auberge et d'un atelier de langue anglaise, affirme avoir eu peur à cette époque et s'être posé constamment des questions sur la raison de son déménagement. Cependant, avec le temps, la situation s'est améliorée.

«Un paradis sur Terre»

Irina est arrivée en Crimée en chérissant le rêve d'y monter son auberge de jeunesse, une ambition qui s'est concrétisée deux ans plus tard. Elle confie l'avoir construite de ses propres mains, la qualité du travail des bricoleurs locaux laissant désirer à l'époque:

«L'auberge est très douillette, je l'aime, ainsi que mes hôtes qui viennent nombreux en été, parce qu'on n'est pas loin du légendaire site de Chersonèse, à proximité de Sébastopol. Je parle à mes hôtes de Sébastopol, je les aide à créer des itinéraires.»

«Je me suis retrouvée dans le seul endroit d'où je ne veuille plus fuir. Pour moi, c'est très précieux», conclut celle qui verra bientôt éditer son premier recueil de contes de fées écrit en Crimée.

«Je ne regrette pas d'avoir déménagé en Crimée. Potentiellement, la Crimée est un paradis sur Terre. C'est beau, les produits sont délicieux, il y a d'immenses possibilités pour développer la région», dit Evgénia.

Elle a monté à Sébastopol un projet écologique de livraison de nourriture, orienté vers ceux qui aiment manger sainement. Et de poursuivre que d'ici peu, les touristes du monde entier s'y rendront:

«J'espère que les sanctions seront annulées et que la Crimée respira à pleins poumons.»

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