Rachid Nekkaz appelle à marcher sur le siège de la présidence à Alger

Rachid Nekkaz, homme d’affaires sulfureux qui souhaite prendre la tête de l’Algérie, a lancé un appel via une vidéo diffusée sur sa chaîne YouTube. Il souhaite que les participants à la manifestation anti-Bouteflika du 22 mars prennent la direction du siège de la présidence, le tout d’une manière «pacifique et civilisée».
Sputnik

«À partir de la semaine prochaine, on donne rendez-vous au peuple algérien, et aux jeunes Algériens, pour qu'ensemble, main dans la main, on aille à El Mouradia, avec des dattes, qui comme vous le savez, sont le symbole de l'Algérie, et notamment du sud de l'Algérie. On prendra le thé à El Mouradia et on construira la deuxième République.»

Rachid Nekkaz ne lâchera rien. L'homme d'affaires a lancé un appel au peuple algérien dans une vidéo diffusée en arabe sur sa chaîne YouTube le 14 mars. Il appelle les manifestants qui défileront le vendredi 22 mars à converger vers le palais présidentiel d'El Mouradia.

Désireux de succéder à Abdelaziz Bouteflika et ses 20 ans de pouvoir, le millionnaire, qui a fait fortune dans les affaires, veut jouer les trouble-fêtes. Personnalité clivante, il mobilise autant qu'il suscite la méfiance en Algérie. Après avoir rempli de milliers de jeunes, et à plusieurs reprises, les places de son pays d'origine, il a vu les autorités refuser sa candidature. Seuls les candidats n'ayant jamais possédé une autre nationalité que l'algérienne sont éligibles selon la loi. Or Rachid Nekkaz a été Français, même s'il a rennoncé à sa nationalité en 2013.

Habitué des coups d'éclat, il a alors fait enregistrer la candidature de son cousin… qui porte le même prénom et le même nom! Le Rachid Nekkaz version originale a ensuite expliqué qu'en cas d'élection de son cousin, il prendrait sa succession après la démission de ce dernier, s'il venait à être élu, bien-entendu.

«Nous ne sommes pas la Syrie»

Maintenant que l'élection présidentielle du 18 avril a été annulée, l'homme d'affaires a d'autres ambitions:

«Ce régime corrompu a trahi tous ses enfants, tous les patriotes. S'ils ne reviennent pas à la raison, vendredi le 22 mars, à 15h, on construit, si Dieu le veut, avec les patriotes et les compétences, un gouvernement provisoire d'union nationale, de façon pacifique, démocratique, civilisée et patriotique.»

Nous avons tenté, sans succès, de contacter Rachid Nekkaz afin qu'il nous explique sa démarche.

Étudiants, professeurs d'université, médecins, infirmiers. Ils étaient encore des milliers à défiler le 19 mars dans le centre d'Alger pour demander le départ du Président Abdelaziz Bouteflika. Les annonces de la veille n'ont pas calmé la foule, bien au contraire. Le chef de l'État algérien a affirmé dans un message publié le 18 mars qu'il resterait bien à la tête du pays après le terme constitutionnel de sa présidence fixé au 28 avril.

«Que l'Algérie vive, dans un avenir proche, une transition harmonieuse et assiste à la remise de ses rênes à une nouvelle génération […] tel est l'objectif suprême que je me suis engagé à concrétiser avant la fin de mon mandat présidentiel, à vos côtés et à votre service», souligne le toujours Président algérien dans son message, publié par les médias d'État.

Dorénavant, tous les regards sont tournés vers la «Conférence nationale» qui devrait permettre un changement du «régime de gouvernance» de l'Algérie et de «renouveler ses systèmes politique, économique et social». Quant à savoir quand l'événement se tiendra, le Président est resté vague dans son dernier message qui parle d'un «très proche avenir».

​Toujours d'après les paroles présidentielles, la «Conférence nationale» devra porter une révision constitutionnelle «globale et profonde». Elle sera soumise «à référendum». Le scrutin «précédera un nouveau processus électoral qui verra l'élection d'un nouveau président», mais pas pour tout de suite. De quoi raviver une colère dont se verrait bien profiter Rachid Nekkaz… dans le calme:

«Donnez une belle image du peuple algérien et de l'Algérie à l'étranger. Nous ne sommes pas la Syrie, nous ne sommes pas la Libye, nous sommes l'Algérie.»

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