Des centaines de milliers de manifestants se sont rassemblés vendredi dans le centre d'Alger pour exiger le départ du Président Abdelaziz Bouteflika et maintenir la pression sur les autorités qui ont proposé lundi une feuille de route pour la transition rejetée par l'opposition. Il s'agit de la manifestation la plus imposante dans la capitale depuis le début de la contestation le mois dernier.
Dans la soirée, la police a annoncé que 75 manifestants avaient été interpellés et que 11 policiers avaient été blessés en marge des manifestations.
Après les prières du vendredi, la foule a envahi les rues et les places. De nombreux manifestants s'étaient drapés dans les couleurs nationales. La police a bloqué les rues conduisant au siège du gouvernement et au parlement. D'autres rassemblements ont eu lieu dans d'autres villes du pays, comme Béjaïa, Oran, Batna et Tizi Ouzou.
Après trois semaines de manifestations sans précédent depuis des décennies, le chef de l'État algérien, qui est âgé de 82 ans et a été victime d'un accident vasculaire cérébral en 2013, a renoncé lundi à briguer un cinquième mandat mais reste à la tête de l'exécutif. L'élection présidentielle programmée le 18 avril a été repoussée sine die.
Les opposants ont dénoncé une demi-mesure, voire un piège, après le retrait de Bouteflika de la présidentielle et le report du scrutin et leur appel à manifester vendredi a été largement entendu.
L'un des dirigeants religieux les plus influents du pays, Mohamed Abdelkader Haider, a lancé un appel aux manifestants pour qu'ils fassent preuve de patience. «Soyons optimistes, l'Algérie doit surmonter cette crise», a-t-il déclaré dans une mosquée de la ville.
Le nouveau Premier ministre algérien Noureddine Bedoui a promis jeudi de former un gouvernement composé notamment d'experts, où les jeunes et les femmes seront représentés, avant l'ouverture d'une conférence nationale sur la réforme de la Constitution.