À trois jours de la fin officielle du Grand débat, ses «garants» ont déploré lors d'un point de presse mardi 12 mars les interventions répétées d'Emmanuel Macron et des membres du gouvernement dans la consultation, qui ont selon eux pu renforcer la méfiance des Français.
«Il était peut-être utile qu'il y ait une communication présidentielle et gouvernementale importante au début du processus pour mobiliser les citoyens», a souligné Pascal Perrineau au cours d'un point de presse du collège des cinq «garants», ajoutant que «la manière dont ça s'est prolongé a pu contribuer, après avoir mobilisé, à entraver la mobilisation».
Les cinq «garants» ont toutefois salué «une opération sans précédent dans l'histoire de notre démocratie», par les moyens mis en œuvre et l'ampleur de la mobilisation.
Le collège a regretté que seulement 50% des comptes-rendus des 10.000 réunions locales qui ont eu lieu soient jusqu'à présent «remontés».
«Nous ne sommes pas face à un sondage à l'échelle nationale», a souligné Isabelle Falque-Pierrotin, en prévenant que l'on ne pourra pas tirer du débat «quelque chose comme le top 10 des sujets clés retenus par les Français».
Plus tard mardi, Pascal Perrineau a déclaré au micro d'Europe 1 que, selon lui, les interventions répétées d'Emmanuel Macron et des membres du gouvernement dans la consultation ont pu renforcer la méfiance des Français.
«Il y a une grande méfiance dans le pays de tout ce qui vient d'en haut. Le Grand débat a été pris à l'initiative du Président de la République. Le collège des garants considérait qu'en faisant cette recommandation de bien dissocier la communication gouvernementale et le Grand débat, on protégeait le gouvernement et le Président contre eux-mêmes», a-t-il indiqué.
Il a cependant signalé qu'une telle omniprésence est devenue un frein à une participation plus importante à la consultation.
«Le gouvernement et le Président, et c'est leur droit, n'ont pas choisi cette voie. Cela a peut-être été un frein à une participation encore plus importante au Grand débat», a révélé M.Perrineau.
Le Grand débat a débuté le 15 janvier et doit s'achever le 15 mars.
Trois hommes et deux femmes ont été désignés pour «garantir l'indépendance» du Grand débat national lancé pour répondre à la crise des Gilets jaunes. Deux d'entre eux ont été nommés directement par le gouvernement tandis que les trois autres ont été nommés respectivement par les présidents de l'Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique, social et environnemental. Leur rôle est de veiller «à la régularité de la méthode» et de formuler des recommandations «pour satisfaire aux exigences de transparence et d'impartialité».