À Tunis, des Algériens manifestent contre un 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika (photos)

Il s’agit de la première manifestation en Tunisie d’Algériens opposés au pouvoir de M. Abdelaziz Bouteflika. Deux tentatives de manifestations avaient été auparavant mises en échec par les autorités Tunisiennes qui avaient invoqué le non-respect de formalités administratives.
Sputnik

Plusieurs dizaines d'Algériens ont organisé un sit-in au centre-ville de Tunis, samedi après-midi, pour protester contre une cinquième candidature du Président Abdelaziz Bouteflika.

Les manifestants, pour la plupart jeunes, ont repris pendant plus d'une heure les phrases popularisées depuis le début de la contestation contre le pouvoir de M.Abdelaziz Bouteflika, il y a plus de deux semaines.

«Non au cinquième mandat!», «Armée et peuple, nous sommes tous des frères», «Algérie, libre et démocratique!», scandaient des manifestants alors que des pancartes rendaient hommage aux aspirations communes des femmes d'Algérie et de Tunisie.

«Il s'agit d'une manifestation en soutien au peuple Algérien […] contre "le système", le cinquième mandat [de Bouteflika]. Depuis l'indépendance, le peuple Algérien n'a jamais été libre sur le plan politique», a déclaré à Sputnik Jamal Agagneya, un artiste Algérien installé en Tunisie.

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À Tunis, des Algériens manifestent contre un 5ème mandat d’Abdelaziz Bouteflika
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À Tunis, des Algériens manifestent contre un 5ème mandat d’Abdelaziz Bouteflika
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À Tunis, des Algériens manifestent contre un 5ème mandat d’Abdelaziz Bouteflika
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À Tunis, des Algériens manifestent contre un 5ème mandat d’Abdelaziz Bouteflika

L'évènement a été parrainé par des associations Tunisiennes, dont le Forum Tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). Pour son directeur exécutif, Alaa Talbi, l'intervention de la société civile a permis de vaincre les réticences des autorités Tunisiennes qui n'étaient pas disposées à voir les Algériens manifester à Tunis contre M.Bouteflika.

«Il s'agit de faire respecter le droit des Algériens en Tunisie à manifester, parce qu'ils [les autorités Tunisiennes, ndlr] ont réussi à interdire le rassemblement devant l'ambassade [Algérienne]. Et si le FTDES n'a pas fait les démarches officielles, je ne crois pas que les Algériens auraient pu réaliser ce rassemblement aujourd'hui. Je crois que parmi les acquis de la Révolution Tunisienne, le fait qu'on n'a pas besoin d'autorisation pour manifester, mais il suffit juste de déposer une déclaration préalable», a déclaré le directeur exécutif du FTDES au micro de Sputnik.

Cette première manifestation intervient après deux tentatives mises en échec par les autorités Tunisiennes qui ont invoqué l'absence de dépôts de déclarations préalables. Les manifestants qui entendaient se rassembler devant l'ambassade Algérienne, et dans le centre-ville de Tunis, avaient assuré, de leur côté, s'être bien acquittés des démarches nécessaires.

Les autorités Tunisiennes se montrent prudentes quand il s'agit de commenter l'actuelle situation politique en Algérie. Dans une précédente déclaration faite à Sputnik, une source diplomatique Tunisienne avait assuré que c'était «une affaire exclusivement Algérienne. Nous sommes confiants que l'Algérie sait gérer ses propres affaires selon ce que commande son propre intérêt national.»

La situation Algérienne se trouve, néanmoins, amplement commentée par les Tunisiens, sur les réseaux sociaux ou les médias. Plusieurs dizaines de Tunisiens étaient également venus assister au rassemblement de samedi en marque de soutien. Hamda Mâamar, militant de la gauche Tunisienne, espère que ce qui se passe en Algérie ne fera pas l'objet de «récupération » politique par les « obscurantistes, rétrogrades ou terroristes». D'un autre côté, il souhaite que la situation ne profite pas non plus «aux forces impérialistes et néocolonialistes».

«Les Tunisiens sont solidaires avec nous, mais ils ont un peu de méfiance par rapport aux Printemps arabes. Ils font souvent référence à ce qui s'est passé dans d'autres pays, comme la Syrie ou la Libye. Mais le peuple Algérien est maintenant mûr, il est passé par la "décennie noire" et par beaucoup de choses. Maintenant, il est très conscient de cela. Il veut sa liberté avec la paix», commente, pour sa part, Jamal Agagneya.

L'Algérie est parcourue, depuis le 22 février dernier, par une vague de contestations politico-sociales sans précédent. Des millions de personnes ont manifesté pour le changement politique, symbolisé par une rupture avec le pouvoir de M.Abdelaziz Bouteflika. À 82 ans, le président sortant, qui a déposé son dossier de candidature à la présidentielle du 18 avril, est toujours hospitalisé en Suisse, dans un état jugé «grave» par la presse genevoise.

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