Marseille, Alger, et enfin Toula: un parcours pas si évident, même pour un pilote militaire. Or, c'est la Seconde Guerre mondiale qui a forcé le colonel Jacques André, né à Paris le 25 février 1919, à entreprendre un tel trajet, qui l'a mené à se voir décerner le titre de Héros de l'Union soviétique.
Formé à l'école de pilotage d'Étampes, il en est sorti major de promotion alors que l'armée allemande commençait sa conquête du territoire français. Impatient de livrer bataille, il a néanmoins été chargé de rassembler les avions basés dans la région pour les conduire en Afrique du Nord, avant de gagner l'Algérie où il a convaincu le capitaine de compagnie de l'intégrer à une escadrille.
Il a alors accepté la proposition du général Valin, qui était à la recherche de pilotes pour Normandie. «Nous avions 22-23 ans, nous avions appris un métier, nous étions suffisamment motivés pour ne pas avoir envie de rester à ne rien faire. On nous offrait l'action, on ne pouvait que dire oui», expliquait-il dans un entretien accordé bien plus tard.
Après cette offensive, l'escadron Normandie a été cité dans un ordre du jour de Joseph Staline et pris le nom de Normandie-Niémen, en geste de reconnaissance envers l'intense collaboration des pilotes français et soviétiques. Ayant réalisé une cinquantaine de missions de combat au sein de Normandie-Niémen, Jacques André a reçu en juillet 1945 l'étoile de Héros de l'Union soviétique.
Ayant regagné la France au lendemain de la guerre à bord de son Yak-3, conformément au souhait de Staline, Jacques André est resté pilote militaire, ignorant la possibilité d'entrer à Air France. Selon ses propres dires, sa présence dans l'Armée de l'air «compte tenu de mon plaisir évident à voler, n'a pas été un travail mais une joie permanente».