L'intention de l'administration Trump de vendre des technologies nucléaires sensibles à l'Arabie saoudite peut davantage déstabiliser la situation au Proche-Orient, estime Tom Sauer, professeur de politique internationale à l'université d'Anvers, en Belgique. Dans une interview accordée à Sputnik, il a commenté une enquête de la commission de contrôle et de réforme de la Chambre des représentants des États-Unis sur un possible transfert de ces technologies.
«En effet, il y a un vrai danger de course aux armements […] nucléaires dans une région […] qui est déjà instable: le Proche-Orient», a-t-il déclaré.
«Si l'Arabie saoudite obtient des infrastructures nucléaires civiles, la pression sur l'Iran augmentera davantage et c'est, bien sûr, très dangereux», a-t-il précisé.
L'expert rappelle qu'il existe des règles internationales ainsi que des lois américaines visant à prévenir la prolifération d'armes nucléaires. Il s'agit notamment de l'Atomic Energy Act de 1954, dont la section 123 spécifie les conditions de vente des technologies états-uniennes à d'autres pays.
Dans le même temps, M.Sauer a qualifié d'«étrange» l'intention de l'Arabie saoudite de se doter de réacteurs nucléaires.
«C'est réalisable mais c'est étrange qu'un pays qui possède les plus grandes réserves de pétrole et de gaz veuille désormais construire des réacteurs nucléaires», estime-t-il.
En ce qui concerne les intérêts des États-Unis, M.Sauer indique qu'il peut en découler des «bénéfices pour l'industrie nucléaire» du pays. Il souligne également que «certaines personnes à la Maison-Blanche ont des liens personnels avec un consortium nucléaire appelé IP3».
Le 19 février, la commission de contrôle et de réforme de la Chambre des représentants des États-Unis a publié un rapport dans lequel elle affirmait poursuivre une enquête sur les allégations d'après lesquelles l'administration Trump serait pressée de vendre des technologies nucléaires sensibles à l'Arabie saoudite. Cela peut constituer une violation de la législation américaine en matière de transfert de ces savoir-faire.
Ce n'est pas seulement le conflit d'intérêts, qui peut concerner certains conseillers de la Maison-Blanche impliqués dans ces négociations, qui préoccupe les élus, mais aussi la possibilité de déstabilisation de la situation au Proche-Orient.