«Le Blanc est stupide, il ment, il est corrompu, il harcèle les femmes…» Ça vous choque? Pour vous, est-ce du racisme? Oui, objectivement, c'en est. Il s'agit d'une phrase prononcée sur TMC, dans l'émission «Quotidien», animée par l'inénarrable Yann Barthès, qui recevait donc Nell Irvin Painter, historienne américaine, qui publie son dernier ouvrage Histoire des Blancs (Éd. Max Milo). Le public applaudit, l'animateur et les journalistes sont béats devant cette historienne qui est visiblement reconnue.
Indignation quasi-instantanée sur les réseaux sociaux, où la séquence est partagée:
Sauf que, et c'est là où le bât blesse, tout est histoire de contexte. Nell Irvin Painter ne parle pas des Blancs en général, ce que laisse penser le montage de l'émission. L'historienne désigne en fait uniquement Donald Trump comme stupide, menteur, corrompu et harceleur. Ce qui semble être un avis partagé par de nombreuses personnes, à commencer par certains Américains eux-mêmes. Et pourtant…
Ce n'est donc pas la séquence de «Quotidien» qui peut paraître choquante, c'est le fond de son propos qui est développé, notamment sur France Culture. Invitée avec le sociologue Maxime Cervulle, elle nie peu ou prou toute possibilité d'existence du racisme anti-blanc, à l'instar des indigénistes ou de Rokhaya Diallo en France. Rappelons simplement la vidéo du rappeur Nick Conrad qui appelait à «Pendre les Blancs» dans un clip extrêmement violent; il a plaidé, lors de son procès qui s'est récemment tenu à Paris, la liberté artistique et la volonté de dénoncer le racisme. En plus de l'argument artistique, certains universitaires et sociologues réfutent qu'il puisse s'agir de racisme, puisque selon eux, le racisme ne saurait être que systémique. Autrement dit, le comportement raciste d'un individu ne compte pas, seul compte un racisme général, historique et institutionnalisé, comme celui, affirment-ils, qui sévirait en France à l'encontre des «minorités visibles». En clair, lesdits «sociologues» réussissent à formuler une définition du racisme basée sur l'origine de la personne visée: aux non-Blancs, le statut d'objet de haine raciale, aux Blancs, le rôle de bourreaux. Il s'agit donc de construire une définition raciste du racisme.
«L'esclavage a permis l'élaboration du concept de race blanche de deux manières contradictoires: en premier lieu, dans la tradition américaine, peau blanche veut dire liberté alors que peau noire veut dire esclavage [….] en second lieu, l'emploi de l'adjectif "caucasien" pour désigner les Blancs trouve son origine dans les idées de beauté qu'on associait à l'esclave blanc originaire de l'est de l'Europe.»
Obsédée par la race, elle se laisse aller à des dérapages sans queue ni tête:
«L'esclavage joue un rôle majeur dans la conception de l'identité anglaise, même dans l'hymne national.»
Souhaitant à tout prix démontrer que cette «blanchité» a été construite à travers les siècles, elle évoque ainsi la construction en parallèle du barbare, du non-Blanc par de nombreux exemples étonnants. Elle ne semble pas non plus percevoir certaines spécificités européennes et notamment françaises, l'assimilation, la laïcité, le jacobinisme, des notions que les États-Unis, pays fondé sur le multiculturalisme, ne sont peut-être pas en mesure de saisir.
On peut également relever dans le livre une méthodologie reprochée à l'essayiste Eric Zemmour, d'adapter l'Histoire en fonction de son idéologie, mais aussi de pratiquer des anachronismes comme de qualifier Jules César d'impérialiste (ce qu'étaient tous les dirigeants de son époque, où ce terme n'avait aucun sens), de dénoncer, sans nuance aucune, l'obscurantisme «blanc» des Romains aux Lumières ou d'omettre de citer des esclavagistes qui n'avaient pas la peau blanche. Elle termine ainsi par une conclusion gloubi-boulga teintée de lutte de classes New Âge:
«La pauvreté à peau noire continue d'être l'opposé d'une blanchité, mue par ce vieux désir social de caractériser le pauvre comme un être définitivement autre et intrinsèquement inférieur.»
Les SDF «gaulois» apprécieront.