Jeanne Calment: le chercheur russe explique son hypothèse retentissante à Sputnik

Deux chercheurs russes, le gérontologue Valeri Novosselov et le mathématicien Nikolaï Zak, ont mis en cause dans leur étude le record de longévité de Jeanne Calment, morte à 122 ans. Suite à la polémique provoquée par leur travail dans un article du Monde du 14 février, l’initiateur de la recherche, Novosselov, a défendu ses conclusions à Sputnik.
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D'après les spécialistes français, Jeanne Calment, née en 1875, est décédée à 122 ans et 164 jours en 1997. Pourtant, deux chercheurs russes, le gérontologue Valeri Novosselov, directeur du Centre gérontologique médical et scientifique, et le diplômé en mathématiques Nikolaï Zak pensent autrement.

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D'après eux, Jeanne, qui figure dans le Guinness Book des records, ne serait pas Jeanne, la vraie aurait été enterrée en 1934, à 59 ans, et Yvonne, sa fille, 36 ans, aurait pris son identité. Les conclusions des spécialistes ont divisé les milieux scientifiques, comme on peut le voir dans un article du Monde du 14 février. Pour éclaircir les choses, l'initiateur de l'étude, M.Novosselov, a répondu aux questions de Sputnik.

Question: Vous avez lancé un défi à la communauté scientifique en affirmant avoir résolu l'affaire de la plus vieille femme de la planète. Plusieurs chercheurs ne sont pas d'accord avec vous. Quels arguments pourriez-vous leur présenter?

Valeri Novosselov: «Tout d'abord, ça fait longtemps que je m'intéresse à Jeanne Calment parce qu'il s'agit d'un cas incertain. J'ai commencé à étudier tous les livres, tous les articles, tous les films sur Mme Calment, j'ai analysé sa biographie, les rapports des experts qui avaient confirmé ce record de longévité. Et j'ai fait remarquer de nombreuses incohérences. Mais, vous voyez, elle est décédée, il n'y a pas de documents médicaux, comment continuer cette analyse?

J'ai donc invité le mathématicien Nikolaï Zak, car la seule possibilité était de tout vérifier mathématiquement. Il a très vite accepté mon invitation et a calculé la probabilité de sa durée de vie, qui s'est avérée extrêmement fiable. Pour tirer de telles conclusions, Nikolaï a utilisé cinq bases bien connues de centenaires […] puis il a dit que ces preuves obtenues par le biais de la méthode mathématique ne suffisaient pas et a donc décidé d'utiliser les archives d'Arles qui étaient disponibles. Là, Nikolaï a trouvé une formidable confirmation que les validateurs — les scientifiques qui ont validé l'âge — avaient commis de nombreuses erreurs. Ils n'ont pas prêté attention à plusieurs nuances et n'avaient pas révélé au public tous les points controversés de la vie de Jeanne Calment.

J'avais auparavant conclu qu'il s'agissait d'une personne qui avait 20 ou 25 ans de moins pour différentes raisons. Par exemple, l'ostéoporose cliniquement prononcée 65 ans après la ménopause, cela est incroyable. Ou l'absence de démence à son âge. Tous ces retards des syndromes cliniques m'ont profondément inquiété, ils m'ont permis de formuler toutes les hypothèses supplémentaires.

De plus, ses archives. Elles ont été détruites à la demande de Jeanne Calment lorsqu'elle est entrée en maison de retraite, ce qui est pour moi un facteur alarmant. Pourquoi cela n'a pas alerté nos experts, ce n'est pas clair.

Après avoir travaillé sur les archives, Nikolaï Zak a conclu que la personne morte en 1997 était non seulement plus jeune, mais que c'était une autre personne, que c'était en fait sa fille Yvonne Calment née en 1898. En 1997, ce n'est donc pas Jeanne mais Yvonne qui est morte. Le motif présumé? À mon avis, ce sont les impôts très élevés en France dans les années 1930 que la famille ne pouvait pas payer».

Question: Soutenez-vous de l'idée du test ADN avancé? Êtes-vous, comme certains scientifiques le proposent, favorable à l'exhumation des corps de Jeanne Calment et de membres de sa famille?

Valeri Novosselov: «Je crois qu'une analyse ADN doit être faite. Sans analyse de l'ADN, aucune preuve n'est définitive. Quant à l'exhumation, je la soutiens aussi, parce que je constate que nous avons découvert un problème. Elle n'a rien à voir avec Mme Calment. Au cours de l'étude, nous avons détecté un abcès dans la gérontologie. Et par abcès, je veux dire que des données inexactes peuvent être publiées dans des revues scientifiques et défendues par la suite. À mon avis, les validateurs, qui ont participé à ce processus, s'assuraient une «rente» pour toute leur vie grâce à ce phénomène, ils se sont fait un nom. Voici pourquoi ils empêchent la recherche si vivement.

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Il y a une pétition en faveur d'une exhumation, mais je ne la soutiens pas, puisque, à mon avis, cela devrait être une décision émanant du gouvernement français, d'Emmanuel Macron. Les gens veulent apprendre la vérité. Et le plus important est de faire comprendre aux Français que ce n'est pas Mme Calment, que le problème concerne ces chercheurs. Nous n'avons aucune question à poser à cette vieille dame, car elle s'était retrouvée dans des circonstances compliquées. Nous ne voulons en aucun cas nous occuper de Jeanne Calment, mais des spécialistes, y compris des Russes, car nous avons également découvert un abcès dans la gérontologie russe».

Question: Vous attendiez-vous à que vos résultats aient un tel effet médiatique et scientifique?

Valeri Novosselov: «Non. Bien entendu, je m'attendais à ce qu'il y ait du bruit, mais pas à tel point. Les experts ont débattu, et, en l'absence de contre-arguments fondés, ils tentent de se moquer de la recherche.

Il faut bien noter qu'à la fin de l'étude, nous avons écrit aux spécialistes, qui ont validé l'âge de Mme Calment en leur disant que nous avions terminé le travail et que nous avions cet avis, que nous pensions qu'ils trouveraient la force de reconnaître [leur erreur, ndlr] ou au moins de réduire le niveau de fiabilité de ce record, mais ils ont entamé une lutte».

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