«La révolution islamique d'Iran a apporté, au moins, la souveraineté aux Iraniens.»
«La justice sociale en faisait partie. La volonté de retrouver l'indépendance de l'Iran sur l'échiquier international en faisait partie. La volonté de retrouver la souveraineté nationale en faisait partie. Il y avait un certain nombre de revendications, de demandes, souvent légitimes, qui étaient adressées au régime impérial et qui ont servi de base pour le renversement de ce pouvoir.»
Rappelant qu'avant la révolution, «il y avait 50.000 attachés militaires américains basés en Iran», Ardavan Amir-Aslani considère que la révolution a surtout été une réaction à la domination des États-Unis. Mais la conquête de cette nouvelle souveraineté a eu de lourdes conséquences pour la population iranienne:
«Cela fait quarante ans que l'Iran ne connaît pas la paix, ne connaît pas la tranquillité, ne connaît pas la sérénité.»
Exemple parmi les centaines de milliers d'immigrants ayant quitté leur pays, le spécialiste de l'Iran retrace les troubles importants qu'on subit la population de la République islamique, et en premier lieu, l'invasion irakienne de septembre 1980 et une guerre qui durera huit ans:
«Une guerre meurtrière où l'Iran a été seul face au pouvoir de Saddam Hussein, soutenu par la planète entière, dont la France, l'URSS, les États-Unis. Toute la planète soutenait Saddam contre l'Iran. Huit années de guerre abominable qui ont entraîné un million de blessés et cinq cent mille morts.»
Depuis cette guerre, «le seul contre tous» a longtemps était utilisé comme un slogan efficace par le pouvoir des mollahs. Et il reste encore un moyen d'unir la nation iranienne face aux sanctions internationales. Des sanctions au cœur de la crise économique, financière et monétaire actuelle que subit la population iranienne et le pouvoir à Téhéran, qui n'a qu'une solution, d'après Ardavan Amir-Aslani:
«Il n'y a pas de sortie possible de crise à moins qu'il y ait une entente avec les États-Unis. Qu'on le veuille ou non, qu'on l'apprécie ou pas, la réalité est cela aujourd'hui. Les États-Unis, à travers l'extraterritorialité de leur droit, ont réussi à imposer à l'échelle internationale leurs lois domestiques en mettant une norme internationale.»
Une analyse sommaire pourrait établir que l'Iran a trois grands ennemis —États-Unis, Israël et Arabie saoudite- des possibles partenaires comme la Turquie et l'Union européenne et des alliés à l'est: la Russie et la Chine, notamment. L'avocat franco-iranien dresse un autre constat. Il considère que le pouvoir américain est contrôlé par ses alliés saoudiens et israéliens et que les Européens ne sont pas de taille à lutter, même avec la récente mise en place du système de troc INSTEX:
«Chacune des initiatives européennes sur la question des échanges, des flux financiers avec l'Iran, sont des échecs: les exemptions refusées, l'OFAC européen non créé, le fonds de financement abandonné, les lois blocages inefficaces. [Quant à INSTEX, ndlr] les grands majors européens ont décidé de boycotter le marché iranien et ce système, d'après les Européens eux-mêmes, n'aidera que les petites sociétés.»
Quant aux possibles alliés, l'opinion d'Ardavan Amir-Aslani est sans appel:
«Ils ne sont pas des partenaires fidèles de l'Iran. Ils profitent de la détresse des Iraniens. Les deux principaux acheteurs du pétrole iranien, l'Inde et la Chine, ne cessent de contraindre les Iraniens à se faire payer en roupie en Inde et en renminbi en Chine, de façon à les forcer à faire leurs courses en monnaie locales dans ces pays. Et finalement, aucune puissance ne peut tenir tête aux États-Unis.»
Une situation qui semble donc inextricable pour l'Iran qui, malgré toutes les crises nationales, continue d'affirmer son influence et d'exercer son pouvoir militaire de l'océan Indien jusqu'à la Méditerranée. Une politique que ne cesse de combattre son meilleur ennemi, Israël:
«Je n'exclus même pas la possibilité qu'il y ait un conflit militaire qui puisse arriver entre l'Iran, Israël et certains autres pays de la région.»