On aurait pu croire que les Gilets jaunes feraient des adeptes au Québec, seule province entièrement francophone du Canada. Mais non, c'est au Canada anglais qu'ils ont essaimé.
Dans l'ouest du pays, ils sont de plus en plus nombreux à réclamer du changement. Une petite ville de la province de l'Alberta, Red Deer, est devenue emblématique du mouvement. Chaque dimanche depuis novembre 2018, ils manifestent dans les rues de cette ville de 100.000 habitants. Des manifestations ont également eu lieu dans de grandes villes comme Edmonton, Calgary et Ottawa.
«Ce n'est pas du tout le genre de message que les Gilets jaunes en France vont livrer», a souligné Mme Hudon en entrevue avec la presse canadienne.
Un organisme de défense des immigrés a aussi envoyé une lettre aux membres du conseil municipal de Red Deer pour faire part de ses inquiétudes. Selon la coprésidente du réseau des communautés accueillantes et inclusives de Red Deer, Deirdre Ashenhurst, les Gilets jaunes du Canada font preuve d'un manque d'ouverture envers les nouveaux arrivants. Une critique qui revient très souvent dans un Canada où le multiculturalisme a été intégré dans la Constitution en 1982.
Des Gilets jaunes contre l'immigration massive?
C'est vrai: les Gilets jaunes canadiens insistent davantage sur l'immigration que leurs cousins français. Sur ce point, l'ambassadrice canadienne en France, Isabelle Hudon, vise juste. Les Gilets jaunes du Canada dénoncent aussi la taxe carbone, une taxe écologique synonyme d'une baisse significative de leur qualité de vie.
Le contexte canadien reste donc assez différent du contexte français. Il faut bien comprendre que l'économie de l'Ouest canadien dépend en grande partie de l'industrie du pétrole. Les Canadiens de l'ouest ont aussi l'impression de soutenir financièrement leurs compatriotes des autres provinces, qui profitent de leur industrie pétrolifère tout en évitant de se salir les mains. Mais est-ce suffisant pour dissocier totalement les Gilets jaunes canadiens de leurs homologues français?
Deux contextes, un seul mouvement
Les Gilets jaunes du Canada critiquent les politiques libérales de Justin Trudeau, qu'ils voient comme un politicien complètement détaché de leurs préoccupations. Sur ce point, le parallèle avec Emmanuel Macron est frappant. Comme leurs homologues français, les Gilets jaunes canadiens contestent la logique supranationale menant à la signature du Pacte de Marrakech et à celle de traités économiques et environnementaux niant la souveraineté des États. Les deux mouvements sont bel et bien liés.
Trudeau est-il le Macron canadien?
«Le problème, c'est que la mondialisation a été un succès pour beaucoup de peuples dans le monde, mais pas tellement pour plusieurs des nôtres. Un milliard de personnes à travers le monde — la majorité dans des pays émergents en Asie- sont sortis de la pauvreté. Pourtant, dans de nombreux pays occidentaux, les revenus des travailleurs ont stagné ou ont diminué au cours des 25 dernières années», écrit Stephen Harper dans son livre.
Se dirige-t-on vers une Internationale des Gilets jaunes?