Dans la situation où le gouvernement de Nicolas Maduro a un grand besoin de liquidité pour maintenir l'économie vénézuélienne, le refus de la Banque d'Angleterre de rendre au pays son or d'un montant de 1,2 milliard de dollars (1,05 milliard d'euros) est source d'une grande inquiétude non seulement pour le Venezuela mais pour tous les pays qui pourraient se retrouver dans des conditions similaires, a indiqué à Sputnik David Gibson, directeur général de GoldVu, société internationale spécialisée dans les métaux précieux physiques.
Le spécialiste a souligné que même si cette somme suffisait pour un an seulement, c'était une question de principe quant à la crédibilité du système bancaire mondial.
«C'est une situation sans précédent car la Banque d'Angleterre n'exerce qu'un rôle de gardien d'une propriété privée. Ses dirigeants n'ont pas le droit d'ordonner qui et dans quel but peut utiliser cet or. Peu importe que ce soit la Suisse ou les États-Unis, mais un pays qui se dit le gardien de l'or doit le rendre au propriétaire. S'il s'agit d'une demande issue du gouvernement légitimement et démocratiquement élu, la banque n'a aucune raison de dire non. Par leurs actions, les dirigeants de la Banque d'Angleterre ont détruit sa crédibilité aux yeux de la communauté internationale», a-t-il déclaré.
Dans cette situation, souligne l'expert, le Président Maduro a «très peu» de chance de reprendre l'or vénézuélien car, même s'il s'adresse à un tribunal international, il peut être sûr «que l'Occident va faire traîner cette affaire pendant plusieurs années».
«Je veux dire leur intention de vraiment attendre le plus longtemps possible pour voir si le gouvernement [vénézuélien, ndlr] actuel échouera, afin qu'ils puissent faire venir leur propre homme. De son côté, tout en empruntant la voie légale, le Venezuela pourrait tenter d'attirer à ses côtés des nations amicales afin de faire pression sur le Royaume-Uni en leur nom, mais je doute fort que cela se produise», a conclu le spécialiste.
Samedi, l'agence Bloomberg a annoncé que la Banque d'Angleterre avait refusé au Président du Venezuela, Nicolas Maduro, sa demande de livraison de lingots d'or pour une valeur de 1,2 milliard de dollars (1,05 milliard d'euros). Selon une source anonyme qui l'a fait savoir à l'agence, la décision de ne pas livrer l'or a été prise après que de hauts responsables américains, parmi lesquels le secrétaire d'État américain Mike Pompeo et le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, ont fait pression sur leurs interlocuteurs britanniques pour qu'ils interdisent l'accès à M.Maduro à ses actifs à l'étranger.
Le portail Ambito, se référant à une lettre de Juan Guaido adressée à Theresa May ainsi qu'au gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, a également annoncé que le «Président du Venezuela par intérim» Juan Guaido avait exhorté Londres à ne pas restituer au gouvernement légitime de Maduro les lingots d'or du pays.
Ce lundi, M.Guaido a déclaré avoir pris le «contrôle progressif et ordonné» des actifs du Venezuela à l'étranger, pour empêcher, selon lui, Nicolas Maduro de les dilapider dans le cas où il quitterait la présidence.
Pour rappel, l'opposant Juan Guaido, renvoyé le 22 janvier du poste de président de l'Assemblée nationale vénézuélienne sur décision de la Cour suprême, s'est autoproclamé le lendemain «Président en exercice» du pays et a prêté serment pendant une manifestation à Caracas. Donald Trump l'a reconnu comme «Président par intérim».
Nicolas Maduro a estimé que les États-Unis avaient essayé d'organiser un coup d'État au Venezuela et a rompu les relations diplomatiques avec le pays le 23 janvier. M.Maduro a qualifié M.Guaido de Président non-constitutionnel.