Siège de Léningrad: récit de la star de «Guerre et Paix» née durant ces jours tragiques

Il y a 75 ans prenait fin le siège tragique de Léningrad qui avait duré environ 900 jours et fait de 400.000 à 1,5 million de morts. Lioudmila Savelieva, la Natacha Rostova de «Guerre et Paix», Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1969, est née dans la ville assiégée. L’actrice parle à Sputnik Mundo de la vie pendant et après le blocus.
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L'actrice soviétique et russe Lioudmila Savelieva, qui a interprété le rôle de Natacha Rostova dans «Guerre et Paix», film qui a obtenu l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1969, est née le 24 janvier 1942 dans la Léningrad assiégée par les troupes allemandes. Ce fut sans doute le mois le plus pénible du blocus. En effet, 265 enfants mouraient tous les jours. Le taux de natalité était encore élevé, jusqu'à 150 naissances par jour, mais le sort de la plupart des nouveau-nés fut tragique.

Lioudmila Savelieva, la Natacha Rostova de «Guerre et Paix», avec l'Oscar du meilleur film en langue étrangère

«Nous avons survécu. Tout d'abord, parce qu'avant de partir pour le front, papa nous a apporté un petit fourneau en métal […] Et nous avions aussi un grand four à la cuisine qu'on chauffait avec du bois ou avec quelque chose d'autre. Il n'y avait naturellement ni gaz ni eau courante. On allait chercher de l'eau à la Neva», a raconté Lioudmila Savelieva à Sputnik Mundo.

Lioudmila Savelieva, la Natacha Rostova dans «Guerre et Paix», Oscar du meilleur film en langue étrangère

Et d'ajouter que c'était très difficile quand sa mère n'avait plus de lait.

«Maman achetait au marché de la colle en briques qui ressemblaient à des pains de savon. Elle les faisait cuire pendant toute une journée pour avoir à la fin une sorte de gelée. Et tous en mangeaient. […] J'en étais potelée, mais couverte de petits ulcères. […] C'était pénible. Il n'y avait plus ni oiseaux ni animaux à Léningrad. […] Quoi qu'il en soit, on a survécu», s'est souvenue l'interlocutrice de l'agence.

Il était une fois Leningrad, ville martyrisée par les nazis

Selon cette dernière, sa mère lui avait parlé de la Route de la vie [sur le lac Ladoga gelé, ndlr].

«Maman a ramassé ce peu de choses qui nous restaient, car nous avions chauffé le four avec nos meubles et nos vêtements […] Et on nous a évacués. C'était effrayant. Autour de nous, des véhicules avec enfants et parents à bord, s'enfonçaient dans les eaux du lac. Mais nous avons eu de la chance», a poursuivi Mme Savelieva.

Elle a dit très bien se souvenir de la vie après le blocus.

«Cette vie était tout aussi difficile et pauvre […] Un jour, nous avons reçu une boîte de saucisson. J'en ai mangé un petit morceau, ensuite encore un et encore deux et finalement j'ai tout mangé. Je comprenais que je faisais une chose affreuse, parce qu'à part moi-même, il y avait encore ma sœur de quatre ans mon aînée, maman, papa et grand-mère et que tout le monde avait faim. Quand maman est arrivée, j'ai fait une crise d'hystérie parce que j'avais mangé tout le saucisson. Mais elle m'a calmée en me disant qu'on allait survivre en faisant cuire quelque chose», a confié l'actrice.

La ville de Saint-Pétersbourg et toute la Russie commémorent dimanche 27 janvier les 75 ans de la fin du siège de Léningrad. Encerclée depuis septembre 1941 par les Allemands, la ville a été libérée le 27 janvier 1944.

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