«Je suis chauffeur routier. Enfin j'étais…», dit-il pour commencer le récit qu'il a été invité à faire ce matin sur les ondes de la radio généraliste Europe 1.
Le 8 décembre dernier, Patrice, originaire de Lons, dans le département des Pyrénées-Atlantiques, a participé à une manifestation des Gilets jaunes à Paris. C'est quand il s'apprête à quitter la manifestation — «sans agressivité ou quoi que ce soit», précise-t-il au micro d'Europe 1 — que sa vie bascule.
«Je vois le gendarme mobile qui me vise, mais je pense que ce n'est pas pour moi. Je me dis que je suis trop près, ce n'est pas possible», raconte-t-il.
«C'est un tir volontaire dans la tête. Le choc a été d'une extrême violence», ajoute-t-il.
Selon différents comptages de journalistes et de militants, Patrice fait partie des 94 blessés graves, dont 69 par des tirs de LBD, recensés depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, a indiqué Europe 1.
«Je ne verrai plus de cet œil, je suis clairement borgne. Pour le coup, je perds mon œil et mon métier», se désole Patrice.
«Je ne veux même pas rechercher le gendarme responsable. En revanche, mon combat va être de leur enlever ces armes qui sont véritablement dangereuses, qui éborgnent, qui mutilent», a-t-il poursuivi.
Le directeur général de la police nationale (DGPN), Éric Morvan, a rappelé mercredi, dans un télégramme révélé par France 3, les règles d'utilisation de cette arme: «en cas de violences», en respectant «les intervalles de distance» et en visant «exclusivement le torse ainsi que les membres supérieurs ou inférieurs».
Invité à l'antenne de RTL ce jeudi 17 janvier, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a souligné que l'usage des «armes à force intermédiaire» pouvaient présenter une grande dangerosité et a rappelé qu'il y a un an, «nous avons demandé le moratoire, nous avons demandé que tout cela soit réétudié».
Face à la taxe sur les prix du carburant, de nombreux Français sont descendus dans les rues depuis le 17 novembre 2018. Les mobilisations des Gilets jaunes ont régulièrement dégénéré en affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Les chiffres de la mobilisation annoncés par le gouvernement font l'objet de polémiques.