Jugé pour avoir mis le feu à la façade d'une succursale de la Banque de France dans la capitale en octobre 2017, l'artiste russe Piotr Pavlenski a perturbé une audience de son procès qui se tenait ce jeudi à Paris.
Tout a commencé lorsque M.Pavlensky a fait savoir à haute voix en russe qu'il avait à faire «une déclaration importante».
«Je dédie ce procès au marquis de Sade qui a montré la vraie nature du pouvoir», a-t-il souligné.
M.Pavlenski a demandé à une interprète du tribunal de traduire ses propos, mais le juge lui a interdit de le faire.
«Le président [du tribunal, ndlr] m'a dit: je vous prie de garder le silence et de ne pas traduire. Alors qu'est-ce que je devais faire? J'ai gardé le silence. C'est lui qui préside, pas Piotr [Pavlenski, ndlr]», a-t-elle ensuite expliqué aux journalistes.
Toutefois, le prévenu a poursuivi ses déclarations: «Ecoutez-moi!», a-t-il crié cette fois en français.
«C'est sans doute une nouvelle performance très intéressante. Mais non, je ne vous écoute pas. C'est vous qui m'écoutez», a répondu le magistrat qui, selon l'AFP, n'est pas parvenu à mettre un terme aux déclarations de l'artiste.
Le juge a alors pris la décision d'ajourner l'audience parce que l'interprète s'est dite incapable d'accomplir sa mission.
«Il a commencé à me crier dessus. J'ai compris que cela continuerait durant tout le procès. Je ne veux pas travailler dans de telles conditions», a-t-elle indiqué.
L'artiste Piotr Pavlenski, connu pour ses performances extrêmes, dont l'incendie des portes du siège du FSB à Moscou en 2015, a fui la Russie et obtenu l'asile politique en France en mai 2017. Au mois d'octobre 2017, il a donné libre court à son «art» déjà sur le sol français en mettant le feu aux murs d'une succursale parisienne de la Banque de France située sur la place de la Bastille lors d'une performance baptisée par lui «Éclairage». Par la suite, il a été interpellé et transféré dans la section psychiatrique de la préfecture de police. En septembre dernier, l’artiste a été libéré et placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter la France avant le début de son procès.