Lorsque mordre la Main du Kremlin, qui les «nourrit», passionne les médias mainstream

À la Maison-Blanche, sur les Champs-Élysées lors des manifestations des Gilets jaunes, dans les rues de Londres pour le Brexit… La Main du Kremlin est partout. Elle a également atteint les magazines occidentaux dont elle «occupe» régulièrement la Une. À se demander si elle ne permet pas de faire bondir les ventes de ceux qui la conspuent.
Sputnik

L'année 2018, comme les précédentes d'ailleurs, a été marquée par l'apparition régulière de Vladimir Poutine en Une des médias occidentaux, le représentant officiel de cette terrible Main. Ce qui n'a rien de surprenant car celle-ci ne dort jamais! La Russie se doit d'étroitement surveiller l'Occident, et cela implique, bien sûr, l'univers des kiosques à journaux. Et dans un marché en crise, la Main du Kremlin semble être du pain béni pour bon nombre de rédactions.

Time Magazine, États-Unis

Sur sa couverture, Time fond les portraits de Donald Trump et Vladimir Poutine en un seul
La Main du Kremlin fait la couverture du magazine américain Time avec Poutine plus souvent que n'importe quel autre Président étranger. En effet, si l'on y comptabilise ses apparitions, il ne cède la première place qu'à Donald Trump, lequel est après tout le Président du pays.

Pour la seule année 2018, le dirigeant russe a fait non pas une, mais deux fois, la Une du Time.

La première fois en avril, immédiatement après sa victoire aux élections présidentielles. «Le tsar montant», titre le magazine. En Une: Poutine, sourire goguenard et portant la couronne (bien évidemment), rajuste sa cravate. Étrangement, ce numéro est sorti partout dans le monde, sauf aux États-Unis qui, eux, ont eu le droit à une couverture sur le thème des jeunes qui luttent contre la violence et les fusillades dans les écoles. La Main du Kremlin a-t-elle commis l'erreur de purement et simplement oublier les États-Unis ce mois-ci, ou est-ce une punition?

Un peu plus tard, au mois de juillet, le Time en a fait sa couverture à l'issue du sommet entre Trump et Poutine en Finlande. La Une attire immédiatement l'attention, même des plus indifférentes: elle présente en effet Trump et Poutine unis… littéralement, en un seul visage. C'est à se demander si la rédaction en ébullition s'est avérée incapable de choisir. Heureusement, la Main du Kremlin était là, épaulant le magazine et le guidant dans ce dilemme.

The Economist, Royaume-Uni

La deuxième place est attribuée à l'hebdomadaire britannique The Economist, en récompense de son originalité. En effet, tout le monde est las de la représentation de Poutine couronné (oui, le Time, on parle de vous): c'est d'un commun! Alors que les Anglais l'ont métamorphosé en une pieuvre aux longs tentacules avec lesquels il «menace les démocraties occidentales». Devrait-on renommer la Main du Kremlin en Tentacule du Kremlin? À méditer.

Newsweek, États-Unis

Un titre ronflant «Le nouveau rideau de fer», l'image de Poutine qui se retourne pour vous regarder avec un sourire narquois et en exergue: «comment le Kremlin tente de diviser et conquérir l'Europe?» Auriez-vous acheté un tel magazine? Bien sûr que oui! Provocant, stylé, osé. Bravo, la Main du Kremlin!

L'Obs, France

Les magazines francophones n'ont pas non plus négligé l'homme fort du Kremlin cette année.

Au mois de mars, l'Obs a mis Poutine en Une avec un titre somme toute assez modeste, «La Russie de Poutine», juste à la veille des élections en Russie. Mais par un hasard pour le moins, un autre titre apparaît au-dessus de la tête de Poutine: «Exclusif: les derniers secrets d'Hitler». Peut-être que c'est aussi la Main du Kremlin?

Libération, France

Le journal Libération n'a pas été original, vraiment pas. Le numéro en question est sorti le week-end des élections présidentielles en Russie, remportées par Vladimir Poutine. Et Libé n'a rien trouvé de mieux que de le mettre à la Une avec le titre «Et tsar'commence». Il lui manquait juste une couronne pour recevoir le prix de la couverture la moins originale de l'année.

Der Spiegel, Allemagne

En juin 2018, le «grand» hebdomadaire allemand Der Spiegel a également affiché Vladimir Poutine sur sa couverture, mais cette fois, il lui a adjoint la compagnie de Donald Trump, Recep Tayyip Erdogan et Xi Jinping. Chacun des quatre dirigeants revêt ici une couleur différente. La Main du Kremlin estime qu'il s'agit d'une allusion aux basses températures en Russie.

En espérant que l'image de Vladimir Poutine à la Une des magazines occidentaux les aide à augmenter substantiellement leur tirage, la Main du Kremlin est ravie de prendre la place qui lui revient au sein de l'univers des kiosques à journaux.

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