Comment expliquer la mort mystérieuse de centaines d'animaux marins?

Deux cents dauphins-pilotes et orques sont morts fin novembre après s'être jetés sur le littoral de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie. De telles tragédies sont régulièrement constatées dans les deux hémisphères.
Sputnik

En étudiant des animaux s'étant donnés la mort les scientifiques remarquent qu'ils sont brusquement désorientés, mais que les raisons de ce comportement suicidaire restent en grande partie inconnues.

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La Nouvelle-Zélande est le pays ayant enregistré le nombre le plus important d'incidents de ce genre. Le triste record a été établi en 1918, quand on a découvert près d'un millier de dauphins-pilotes, très présents dans la région, sur les côtes de l'archipel de Chatham.
En 1985, environ 450 baleines se sont échouées sur le littoral près d'Auckland. Le même nombre a été retrouvé sur la tristement célèbre bande de Farewell Spit. C'est là qu'on a constaté le groupe le plus important d'animaux décédés.

«Ils ont un instinct grégaire très développé. Ils suivent leur leader, et si ce dernier commet une erreur, tout le monde peut s'échouer sur un banc de sable», explique Dmitri Glazov de l'Institut Severtsov des problèmes écologiques et d'évolution auprès de l'Académie des sciences de Russie. Selon lui, les raisons de ces erreurs restent inconnues dans la plupart des cas.

Ce que dira l'autopsie

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Il existe beaucoup d'hypothèses concernant les motivations de ce comportement suicidaire.

«L'autopsie est le seul moyen permettant d'examiner les raisons poussant les mammifères maritimes à se jeter sur le littoral. Par exemple, dans certains cas, les ondes acoustiques en mer au cours des exercices militaires ou l'exploration sismique sont parfois responsables de ces comportements. Cela effraie ou assourdit les animaux. Dans ces cas-là, l'autopsie dévoile des troubles des organes auditifs ou de bouillonnement du sang à cause d'une émersion trop rapide», souligne Dmitri Glazov.

Des scientifiques américains et espagnols ont examiné les liens entre la prospection sismique et les suicides massifs de cétacés. Bien qu'ils n'aient pas réussi à trouver de preuves directes, deux incidents pourraient être expliqués par l'activité humaine: iIl s'agit de la mort de centaines de dauphins d'Électre sur les côtes de Madagascar en 2008 et de 680 dauphins communs à long bec au Pérou en 2012. On a constaté que les deux cas étaient liés à l'exploration sismique menée par des entreprises pétrolières.

«Ces morts de masse peuvent également être provoquées par des maladies. Ainsi, les marsouins communs se jetaient sur le littoral de la mer Noire en 1980. Des helminthes se développaient dans leurs oreilles, ce qui affectait leur coordination. On a également enregistré des cas similaires provoqués par la maladie de Carré. Les animaux affectés se retrouvaient sur les bancs de sable et mouraient», explique l'expert.

Les scientifiques allemands remarquent que les animaux se retrouvent généralement coincés dans des pièges naturels dont ils n'arrivent plus à sortir. Après avoir analysé les zones les plus meurtrières de la planèrte, les chercheurs ont établi qu'il s'agissait tout d'abord des plages plates ou des baies peu profondes.

Le danger est partout

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La chasse industrielle aux baleines a été interdite il y a 30 ans dans le monde entier car elles étaient menacées d'extinction. Dès lors, la situation s'est améliorée. Ainsi, on dénombrait en 2000 près de 7.000 baleines à bosse près du littoral occidental de l'Australie, et presque 26.000 en 2008. Les scientifiques du Centre national de recherches maritimes d'Australie soulignent que cette croissance de la population influe sur le nombre de morts constatées.

L'Université d'Utrecht s'est penchée sur l'hypothèse expliquant la mort des cachalots par des tempêtes puissantes. Les biologistes ont observé la migration des animaux de la mer de Norvège vers le sud. Est-ce que les tempêtes les désorientaient et les poussaient vers la mer du Nord, considérablement moins profonde?

Cette théorie n'a pas été confirmée, tout comme celle de l'influence d'un réchauffement anomal de la température de l'eau. Selon les auteurs de l'étude, les cachalots pourraient être désorientés par des troubles du champ magnétique de la Terre à cause de l'activité solaire.

«Les mammifères marins ont une audition très développée. Ils s'orientent et communiquent par ultrasons. L'orientation sur la base du champ magnétique terrestre est également possible, mais il est plus compliqué de l'étudier. Je n'ai pourtant jamais entendu aucune conclusion affirmant que cela pourrait provoquer des erreurs de navigation et pousser les animaux sur le littoral», précise Dmitri Glazov.

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Dans les régions septentrionales, les animaux peuvent être poussés vers la terre par la glace, ce qu'on a constaté avec 25 orques près de Newfoundland en 1957. Un cas similaire a également été enregistré près de l'île japonaise de Hokkaido.
Parmi d'autres raisons possibles de ce comportement anormal des cétacés, on cite notamment le réchauffement climatique rapide ou l'accumulation de mercure dans les tissus cérébraux des animaux affectés par la toxoplasmose.

Des groupes entiers de mammifères maritimes se jetant sur le littoral ne sont habituellement remarqués que dans les régions densément peuplées. Les hommes tentent de sauver les animaux, ce qui est très compliqué compte tenu de leur taille et de leur poids. Les dauphins ne peuvent survivre hors de l'eau que pendant quelques heures en respirant via un orifice en haut de leur tête. Et les animaux sauvés répètent souvent la même erreur.

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