Ni la Chine, ni les États-Unis ne seraient intéressés à politiser les négociations commerciales de 90 jours, dont Xi Jinping et Donald Trump ont convenu le 1er décembre en marge du G20 en Argentine, a estimé dans un entretien accordé à Sputnik Mikhaïl Beliaïev, de l'Institut russe des études stratégiques.
«L'incident [l'arrestation à Vancouver, à la demande des États-Unis, de Meng Wanzhou, directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei, ndlr] ne se répercutera sans doute pas sur le déroulement des négociations, aussi bien les États-Unis que la Chine ayant compris s'être déjà approchés d'une limite dangereuse», a expliqué l'expert.
Et de supposer que Washington et Pékin essaient tout de même de s'entendre. Quant aux relations entre la Chine et le Canada, ledit incident pourrait notamment exercer un impact négatif sur leurs négociations sur une zone de libre-échange.
Selon bien des observateurs, en raison des négociations commerciales avec les États-Unis, la Chine focaliserait sa colère justement sur le Canada. Ces arguments ont été confortés lundi 10 décembre par le journal chinois Global Times, proche du pouvoir, qui a qualifié la diplomatie canadienne de «naïve et docile». Le Canada joue un rôle pitoyable, appuyant la stratégie américaine en vue de retenir la Chine, lit-on dans la même publication du média.
Un autre interlocuteur de l'agence, Mei Xinyu, de l'Institut de la coopération économique et commerciale internationale près le ministère chinois du Commerce, a toutefois relevé que la Chine ne cessait d'accentuer ses protestations vis-à-vis des États-Unis et du Canada.
«Cet incident aura des conséquences extrêmement négatives, les actions des États-Unis et du Canada compromettant manifestement toutes les règles fondamentales des relations internationales.
Et d'ajouter que les «conséquences graves» promises par Pékin, suite à l'arrestation de Meng Wanzhou, pourraient signifier une dégradation des relations bilatérales et une diminution du nombre de visites au Canada et aux États-Unis de touristes, d'étudiants et d'hommes d'affaires chinois.
Des analystes internationaux constatent que les relations bilatérales entre la Chine et le Canada traversent une zone de turbulences dans la foulée de l'arrestation d'une haut cadre chinoise par les autorités canadiennes à la demande des États-Unis. Meng Wanzhou, qui est la fille du fondateur de Huawei, a été arrêtée le 1er décembre par le Canada à la demande des États-Unis alors qu'elle était en transit entre deux vols à l'aéroport de Vancouver, et risque désormais d'être extradée vers les États-Unis qui la soupçonnent d'avoir contourné les sanctions américaines contre l'Iran. Pékin presse les Canadiens de libérer dans les plus brefs délais la dirigeante de Huawei, sinon ils en subiront les conséquences.