Presque 400 militants se sont présentés le 8 décembre dernier à l'hôtel Travelodge, à Québec, pour assister au dernier rassemblement du Parti populaire. Un grand nombre de jeunes étaient présents, malgré le supposé désintérêt de la jeunesse pour la politique. Tous des militants de la première heure, car il y a à peine trois mois, le parti de Maxime Bernier n'existait pas encore. Dans la salle, les gens debout et les chaises manquantes témoignaient de l'essor fulgurant de ce mouvement politique.
Maxime Bernier est un ancien ministre fédéral qui a décidé de claquer la porte du Parti conservateur, après avoir tenté d'en devenir le chef en 2017. Il s'en est fallu de peu pour qu'il remporte la mise, mais c'est finalement l'actuel chef de l'opposition officielle, Andrew Scheer, qui a réussi à se faufiler jusqu'à la tête du parti. Dorénavant, les deux hommes se disputent l'électorat de droite au pays de l'érable.
«Mad Max», le nouvel homme fort du conservatisme?
Sputnik s'est entretenu avec M. Bernier quelques heures avant le rassemblement. Il a réaffirmé sa volonté de mettre le concept de «populisme intelligent» au cœur de son action politique. Selon lui, il s'agit d'une manière d'honorer les grandes valeurs conservatrices sans tomber dans la vulgarité ou la «langue de bois». Maxime Bernier croit que c'est grâce à ce populisme intelligent qu'il parviendra à mettre fin au cynisme de la population face aux politiciens, un défi colossal.
«Lorsqu'il y a 30% de la population qui ne vote pas aux élections générales, ça doit vous dire quelque chose en tant que politicien. Et je pense que les gens en ont soupé des politiciens qui disent quelque chose une journée et le contraire le lendemain, et parlent avec une langue de bois. Nous, on dit ce qu'on croit, avec passion, avec conviction, et c'est comme ça qu'on va essayer de convaincre le plus de Canadiens. Et oui, on a mis fin à la rectitude politique. Je pense que les gens sont prêts», a affirmé M. Bernier en entrevue avec Sputnik.
M. Bernier prône un «vrai conservatisme». Le député de Beauce décrit ses adversaires de droite comme de «faux conservateurs», qui seraient encore prisonniers de la «rectitude politique», du politiquement correct. Sur le plan économique, le conservatisme consisterait d'abord à réduire la taille de l'État, ce que refuseraient de faire les autres chefs de parti. La vision économique de M. Bernier a souvent été décrite comme «libertarienne», ce qui lui a valu des critiques depuis plusieurs années. Rappelons que le libertarianisme est une idéologie qui prône le moins d'État possible.
Quel est donc l'État idéal de Maxime Bernier? «C'est un État qui respecte la Constitution, qui respecte les contribuables, un État qui ne s'ingérera pas dans la vie de tous les jours des gens et qui ne traitera pas les gens comme des enfants irresponsables, mais comme des adultes responsables». Une vision essentiellement basée sur liberté individuelle.
Le «populisme intelligent», marque de commerce du Parti populaire
Récemment, le Premier ministre Justin Trudeau a annoncé qu'il voulait augmenter le nombre de personnes immigrées reçues chaque année au Canada. Maxime Bernier propose plutôt de revenir aux anciens standards pour permettre aux immigrés déjà installés de mieux s'intégrer à société canadienne. Maxime Bernier se méfie du phénomène des ghettos, et dit vouloir éviter le fiasco de pays européens en matière d'intégration. Bernier refuse «d'ouvrir les frontières à une immigration de masse» et critique le «multiculturalisme extrême» de Trudeau.
«M. Trudeau augmente les seuils d'immigration chaque année. Sous M. Harper [un ancien Premier ministre conservateur, ndlr], c'était 250.000 immigrants par année, c'était la moyenne du gouvernement Harper. Avec M. Trudeau, on est rendu à 310.000. Dans deux ans, ce sera 350.000 par année, et il [Justin Trudeau, ndlr] a reçu le rapport Barton, qui demande qu'on ait 450.000 immigrants par année au Canada. C'est une augmentation de 40%», a précisé M. Bernier lors du rassemblement à Québec.
Sans surprise, le chef du Parti populaire a été accusé par certains de nourrir l'intolérance à l'endroit des minorités culturelles, ce que nie le principal intéressé. Selon lui, «il n'y a rien de pire que le consensus», alors il faut aussi débattre d'immigration. «Il y a certains médias plus à gauche qui n'aiment pas ce qu'on fait ou ce qu'on dit, mais on est dans un pays libre, la liberté de parole existe, alors tout le monde ne peut pas être d'accord avec nos propos», a affirmé M. Bernier en entrevue.
«Des gens disent des fois que Bernier est radical: il veut revenir à 250.000. Mais je ne sais pas qui a une position radicale? Parce que lorsqu'on augmente les seuils d'immigration de 40% […] et que seulement 6% de la population est d'accord avec ça, ce n'est pas nous qui avons une position radicale, je pense plutôt que ce sont nos opposants: le Parti libéral et le Parti conservateur», a affirmé M. Bernier devant des militants conquis.