Face aux polémiques, Bouteflika énumère les trois «piliers» de l’identité algérienne

Réagissant aux polémiques ayant secoué la scène politico-médiatique nationale concernant les constantes de l’identité algérienne –à savoir, le tamazight, l’arabe et l’islam-, le Président Abdelaziz Bouteflika a mis en garde le 3 décembre contre toute atteinte ou instrumentalisation de ces trois piliers de l’unité nationale.
Sputnik

La langue et la culture berbère —le tamazight-, ainsi que l'islam et enfin la langue et l'histoire arabes représentent les trois piliers de l'identité et de l'unité nationale algérienne, consacrés dans la Constitution du pays que tout un chacun se doit de respecter et de préserver. C'est ce qu'a affirmé le 3 décembre le Président Abdelaziz Bouteflika, dans son message à l'occasion de l'ouverture de la 20e Semaine nationale du Saint Coran à Oran, dans l'ouest de l'Algérie, recadrant ainsi le débat politique national autour de ces questions.

«L'identité de l'Algérie est sous-tendue par son passé amazigh ancestral, son histoire arabe séculaire et son patrimoine arabo-musulman authentique et la fidélité à ces constantes, c'est la fidélité à la patrie même», a soutenu le chef de l'État algérien dans son message lu par Mohamed Aïssa, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs. «La force d'une nation se mesure à sa fidélité à son passé, à son patrimoine et à son histoire, et […] sa faiblesse réside dans le reniement de son passé, l'abandon de son patrimoine, l'oubli de son histoire et le mépris de son enseignement», a-t-il encore souligné.

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S'exprimant sur les polémiques ayant jailli dernièrement sur la scène publique algérienne concernant l'enseignement du tamazight et de la langue arabe à l'école, ainsi que l'opposition apparue entre le courant religieux traditionnel en Algérie et le salafisme venu d'Arabie saoudite, le Président algérien a affirmé qu'il était «inadmissible aujourd'hui que les débats creux et le scepticisme systématique poussent nos enfants au déni de leur histoire, au reniement de leurs ancêtres et au dénigrement des constantes de leur identité». «La fidélité à l'histoire et aux aïeux, tout en étant ouverts sur l'ère moderne et en réagissant de manière constructive à la réalité, permettra à l'Algérie d'atteindre ses ambitions et de se hisser au rang des grandes nations», a encore rappelé M. Bouteflika.

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Abordant le délicat sujet du référent religieux, tout en faisant allusion au drame national de la décennie noire du terrorisme islamiste, Abdelaziz Bouteflika a mis en garde «contre le fait que nous pourrions, aujourd'hui, être à l'origine du détournement de nos enfants de leurs aïeux oulémas qui ont défini, pour cette patrie, les fondements d'un référent religieux orthodoxe, inspiré du Coran et de la Sunna [la tradition du Prophète de l'Islam, ndlr] et basé sur la modération et le juste milieu». «C'est là véritablement le risque de déstabiliser leur confiance en leurs acquis de compréhension et d'interprétation et de les exposer au danger des courants de pensés intrus, des tendances confessionnelles dévoyées et des mouvances opportunistes instrumentalisant l'Islam pour diviser les sociétés, affaiblir les pays et y semer haine et rancœur», a-t-il encore ajouté.

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Cette allocution intervient dans la foulée du mouvement lancé le 14 octobre par certains lycéens de la région de Kabylie, en Algérie, appelant à boycotter les cours de langue arabe en réaction au refus de certains lycéens de l'est du pays d'étudier la langue berbère, soutenus en cela par la députée Naïma Salhi. Dans ce contexte, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a affirmé devant la presse, le 29 octobre à Alger, que «l'Académie algérienne de la langue amazighe sera mise en place avant la fin de l'année en cours», conformément aux dispositions de la Constitution algérienne.

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Les Madkhalistes font partie de l'un des courants musulmans salafistes de prédication qui traversent la société algérienne. Ils suivent l'école du maître religieux saoudien Mohammed Al-Madkhali. Son chef autoproclamé en Algérie est Mohamed Ali Ferkous. Ce dernier a, à maintes reprises, attaqué les enseignements de l'islam sunnite algérien, en portant des accusations graves contre l'Association des oulémas (ou savants) et ses dirigeants actuels. Pour lui, celle-ci «a dévié de la ligne que lui avait tracé son fondateur, Abdelhamid Ben Badis», en s'éloignant de la voie de la prédication et de l'unicité de Dieu.

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