Staline à l’accusateur soviétique à Nuremberg: «C’est à votre charge, camarade Roudenko»

Intenté par les puissances alliées contre les principaux responsables du Troisième Reich, le procès de Nuremberg a démarré fin novembre 1945. C’était la première mise en œuvre d'une juridiction pénale internationale. Sputnik s’est entretenu avec Sergueï Roudenko, fils du principal accusateur pour l'URSS au procès de Nuremberg Roman Roudenko.
Sputnik

Pour la première fois, ont été traduits en justice non seulement des criminels, mais la machine criminelle de tout un État, a rappelé à Sputnik le diplomate russe Sergueï Roudenko, fils de Roman Roudenko, principal accusateur pour l'Union soviétique au procès de Nuremberg qui n'avait à l'époque que 38 ans.

Sergueï Roudenko

«Mon père était alors procureur de l'Ukraine. L'idée était que l'URSS devait être représentée par une personne originaire de la partie du pays qui avait souffert le plus [pendant la guerre, ndlr]», a expliqué l'interlocuteur de l'agence commentant la nomination de Roman Roudenko au poste de principal accusateur pour l'Union soviétique au procès de Nuremberg.

Roman Roudenko

Et d'ajouter que son père était en contact avec Staline tant pendant la préparation qu'au cours du procès.

«Essayant d'innocenter les nazis, leur défense prétendait que l'Allemagne n'avait pas envisagé d'agresser l'Union soviétique et que son invasion n'était qu'une mesure préventive en réponse à une agression en gestation de la part de l'URSS, ce qui s'exprimait, selon elle, par une concentration de troupes à ses frontières ouest», a raconté le diplomate, en se souvenant des récits de son père.

 

 

Selon ce dernier, dans cette situation, les dépositions de Friedrich Paulus, generalfeldmarschall du Troisième Reich, commandant l'armée allemande lors de la bataille de Stalingrad où il avait été encerclé, défait et capturé par l'Armée rouge le 31 janvier 1943, revêtaient une importance déterminante. Paulus qui avait personnellement participé à l'élaboration de l'opération Barbarossa d'agression contre l'URSS a confirmé lors d'interrogatoires que l'Allemagne avait préparé cette invasion bien avant la guerre.

 

La « Justice de l’Histoire » du procès de Nuremberg

Néanmoins, la défense nazie à Nuremberg exigeait que Paulus soit personnellement présent au procès, sachant que cela ne serait pas possible, vu qu'il était officiellement annoncé qu'il avait été tué à Stalingrad.

On a exposé à Staline le plan de transfert de Paulus au procès de Nuremberg, idée appartenant en partie à Roman Roudenko.

Staline a donné son aval, en l'accompagnant d'une seule phrase:

«C'est à votre charge, camarade Roudenko».

L'interlocuteur de Sputnik a souligné que c'était un moment critique pour son père qui se demandait s'il avait bien fait en se fiant aux dépositions de Paulus à Moscou.

 

La « Justice de l’Histoire » du procès de Nuremberg

«Il [Paulus, ndlr] est entré dans la salle et a confirmé ses anciennes dépositions sur l'agression préparée d'avance par l'Allemagne contre l'URSS. Cela a brisé la ligne de défense nazie longuement préparée. C'était l'un des moments cruciaux du procès de Nuremberg. Staline a remercié mon père, et c'étaient des contacts clés avec le dirigeant soviétique», a résumé Sergueï Roudenko.

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