Dès que les affrontements entre des «gilets jaunes» et les forces de l'ordre ont commencé aujourd'hui sur les Champs-Elysées, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner s'est empressé d'en accuser la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen qui aurait appelé, selon lui, les manifestants à se rendre sur cette avenue parisienne.
«Aujourd'hui, l'ultra-droite s'est mobilisée et est en train de vouloir dresser des barricades sur les Champs-Elysées […] Au fond, les séditieux ont répondu à l'appel notamment de Marine Le Pen et veulent s'en prendre aux institutions, comme ils veulent s'en prendre aux parlementaires», a-t-il déclaré.
La réponse de Marine Le Pen à ces accusations ne s'est pas fait attendre:
«J'ai interrogé le gouvernement vendredi pour connaître les raisons pour lesquelles les gilets jaunes ne pourraient pas manifester sur les Champs-Elysées. Je n'ai évidemment jamais appelé à quelque violence que ce soit», a-t-elle affirmé.
Sur BFM TV, elle a également accusé le ministre de faire d'elle un «bouc émissaire», «peut-être pour détourner l'attention (…) du refus du gouvernement de répondre à des préoccupations qui sont essentielles, qui sont des préoccupations de souffrance de la part du peuple français qui n'arrive plus à faire face à la politique qui est menée par Emmanuel Macron», a-t-elle déclaré.
À en juger par les réactions qu'ils ont publiées sur Twitter, nombre d'internautes ont été eux aussi indignés par les propos du ministre de l'Intérieur.
D'autres ont trouvé injuste la tentative pour réduire la mobilisation des «gilets jaunes» à une opposition politique.
La préfecture de police de Paris avait initialement interdit tout rassemblement sur la place de La Concorde. Des «gilets jaunes» n'ont pas voulu manifester sur le Champs-de-Mars, où ils étaient autorisés à le faire, et se sont dirigés en début de matinée vers la place de l'Étoile et le haut de l'avenue des Champs-Élysées. Les policiers ont d'abord tenté de contenir les manifestants, mais les ont ensuite laissé passer. L'initiative de la police a été accueillie par des applaudissements et des cris «la police avec nous» et «merci».