Elle détruit tout ce que ce Président, qui ne pense que communication, avait tenté de construire depuis son élection. Symboliquement, elle acte l'identification d'Emmanuel Macron avec ce qu'il y a pu avoir de plus haï dans l'histoire de France.
Un mouvement populaire
Car, ce mouvement est populaire, et dans les deux sens du mot. Il est parti du peuple, mais il est aussi soutenu par ce même peuple. Deux sondages, qui viennent d'être publiés, nous disent l'impact de la colère des Gilets Jaunes. Ce qui a été pris comme une « revendication catégorielle » est en train de devenir une véritable crise sociale et politique. A travers la question du pouvoir d'achat, elle est en train d'unifier différentes catégories de français. Par son enracinement symbolique dans les territoires périphériques, elle représente la colère des oublié.
De la France « périphérique » aux grandes métropoles
Cette sympathie est exprimée avant tout par la France « périphérique » et non celle des « grandes métropoles ». Mais, même au sein des agglomérations « métropolisées » le taux de sympathie apparaît proche de 60%. Il y a donc une dimension transverse dans ce mouvement qui, parti justement de la France « périphérique » semble avoir réussi à ne pas y rester cantonné. Il convient ici de noter que les femmes sont plus sympathisantes que les hommes (ce qui apparaît à priori contre-intuitif pour un mouvement déclenché par un projet de hausse des carburants) avec 67% d'opinion en sympathie contre 62%. Pourtant, si l'on y réfléchit bien, ce mouvement qui correspond à une révolte des pauvres devait logiquement toucher prioritairement les femmes. Ce fut d'ailleurs le cas dans de nombreux mouvements sociaux, de la Révolution de 1789 aux prémices de la Révolution de février 1917. De la même manière, on constate que les jeunes actifs (entre 25 et 34 ans) fournissent les gros bataillons du soutien à ce mouvement.
Quelle issue à la crise politique?
Car, dans le même temps, l'issue politique de ce mouvement reste imprécise. Aucun dirigeant d'opposition n'est en mesure de prétendre qu'il « représenterait » ce mouvement avec un quelconque succès.
Au-delà, ce mouvement des Gilets Jaunes est en train de provoquer une véritable crise politique en France, mais une crise dont — pour l'instant — l'issue reste incertaine.
Quoi qu'il en soit, et quel que soit l'avenir immédiat de ce mouvement, il a réussi à fragiliser à l'extrême le pouvoir d'Emmanuel Macron. Il a montré la révolte des travailleurs contre l'ordre financiarisé et néo-libéral dont Macron est le parfait symbole avant même que d'être son premier servant.
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