Les raisons qui poussent un maire sur deux à vouloir «abandonner tout mandat électif»

À l'occasion du 101e congrès des maires de France, le CEVIPOF a publié un sondage qui montre que près d'un maire sur deux ne se présentera pas à sa propre succession. Sputnik est allé sur place pour demander aux élus les plus proches de leurs administrés pourquoi ils baissent les bras.
Sputnik

Ils sont près d'un maire sur deux à vouloir jeter l'éponge… sans compter les indécis. C'est ce qui ressort d'une enquête du CEVIPOF, en partenariat avec l'Association des Maires de France, auprès de 4.657 édiles de France et de Navarre.

Alors que le 101e congrès des maires de France s'est achevé le 22 novembre le Centre de recherches politiques de Sciences Po relève que 49% d'entre eux déclarent souhaiter «abandonner tout mandat électif», principalement dans les petites communes. Les raisons sont diverses, allant du sentiment d'avoir accompli leur devoir civique à la réduction des budgets en passant par les exigences des administrés.

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Présent au congrès, Sputnik a interrogé plusieurs maires afin de leur demander s'ils font partie de cette moitié de maires qui souhaite se mettre en retrait de la vie publique et les raisons de leur choix.

Certains, à l'image de Pascal Dussol, maire de Daglan dans le Périgord, ne font preuve d'aucune hésitation: ils seront engagés dans la bataille électorale lors des prochaines municipales:

«J'essayerai de refaire un mandat en 2020. Je suis élu depuis 1995. Je me représenterai. Je ne sais pas si je serai élu, mais je me représenterai. C'est une passion, il faut aimer.»

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Même s'il regrette la difficulté à concilier son activité professionnelle avec son statut de maire en expliquant qu'il vaut mieux «être retraité pour être maire, parce qu'il faut être présent et se battre au quotidien», l'envie de construire un avenir et le fait de se sentir acteur pèse encore plus que les difficultés.

Un avis que ne partage pas Monique Montibert, la maire de Laprugne, dans l'Allier. Elle explique que, pour elle aussi, la décision est déjà prise, mais qu'elle ne briguera pas de nouveau mandat.

«Je fais partie [des 49% de maires à ne pas vouloir se représenter, nldr] pour plusieurs raisons. D'abord, je vais avoir 70 ans et ensuite, j'en ai marre. Voilà.»

Mais, pour d'autres, la question n'est pas encore tranchée. C'est le cas de Denis La Mache, maire de Saint-Sigismond, en Vendée, qui déclare qu'il «aimerait» pouvoir se représenter «dans de bonnes conditions»:

«Si je me représente, la question est en train de se poser, c'est que je veux pouvoir mener un mandat correctement, d'avoir les moyens de le mener et de ne pas être simplement un représentant de l'État civil.»

Ce que ne reflète pas le sondage du CEVIPOF, c'est justement le nombre d'indécis. à l'instar du maire de Coat-Méal, dans le Finistère, Yann Le Louarn s'interroge et se dit «partagé» entre les avantages et les inconvénients à rempiler pour un nouveau mandat de six ans:

«D'un côté c'est une fonction très, très riche. On a énormément de choses à faire, on a des projets. Après, le côté négatif, c'est le temps qu'on y consacre. […] Un maire qui reste trop longtemps empêche d'autres personnes de prendre cette fonction et de s'y révéler.»

Le temps qu'ils lèvent ces hésitations, les maires seront peut-être encore plus que 49% à jeter l'éponge. Problème: ils sont nombreux à souligner que la relève est loin d'être assurée, faute de candidats… ou de volontaires assez jeunes pour reprendre le flambeau. L'un des maires interrogés ironise, m'apostrophant:

«Venez vous présenter à la campagne, vous serez sûr d'être élu!»

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