Qui est ce général russe dont la candidature à la tête d’Interpol agite tant les esprits?

Depuis plus d’un mois, Interpol fonctionne sans président. L’élection pour choisir un nouveau dirigeant aurait pu se dérouler calmement… si The Times n’avait pas décidé de faire du bruit, en annonçant la nomination «imminente» d’un général russe à ce poste. Qui est Alexandre Prokoptchuk et dans quelles circonstances se dérouleront les élections?
Sputnik

Eu égard au rôle politiquement neutre qu'il doit jouer, Interpol a été confronté depuis lundi à une levée des boucliers contre la candidature d'un général russe à la présidence de l'organisation, un poste plus honorifique qu'opérationnel.

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Citant des sources britanniques, le quotidien The Times a affirmé dimanche que le général russe Alexandre Prokoptchuk, 56 ans, était donné favori aux prochaines élections du nouveau patron de cette organisation internationale. Son rival dans la lutte pour accéder à cette position sera l'actuel président par intérim d'Interpol, le Sud-coréen Kim Jong-yong.

Qui est le général Prokoptchuk?

Alexandre Prokoptchuk, 57 ans, a été l'un des quatre vice-présidents d'Interpol au cours des deux dernières années.

Né en Ukraine en 1961, il est diplômé de l'Université d'État de Kiev (langues et littérature romanes et germaniques). Le responsable parle cinq langues: anglais, allemand, français, italien et polonais. Il a débuté sa carrière dans les organisations du Komsomol de la République soviétique d'Ukraine. En 1986, il s'est installé à Moscou et a travaillé dans l'éducation, puis dans l'administration fiscale.

Depuis 2003, M.Prokoptchuk faisait partie du ministère de l'Intérieur. De 2011 à 2016, il a dirigé le bureau central national d'Interpol auprès du ministère. Lors de son service au ministère il a été promu général.

En 2016, le responsable a été nommé vice-président d'Interpol sous la présidence de Meng Hongwei.

Pourquoi Interpol a-t-elle besoin d'un nouveau président?

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L'élection de Meng Hongwei à la tête d'Interpol fin 2016 avait été vécue comme une victoire pour la Chine, en dépit des inquiétudes que cela avait fait naître parmi les défenseurs des droits de l'Homme.

Début octobre dernier, le parquet de Lyon, ville où se trouve le siège d'Interpol, a annoncé avoir lancé une enquête concernant la disparition inquiétante de Meng Hongwei, 64 ans. Peu après, Interpol a annoncé la démission de son président chinois, porté disparu depuis plus de dix jours, peu après que Pékin eut annoncé qu'il faisait l'objet d'une enquête dans son pays, soupçonné d'avoir «violé la loi».

Les règles d'Interpol prévoient que son premier vice-président, le Sud-coréen Kim Jong-yang, devienne président par intérim.

Quand et comment se déroulent les élections à Interpol?

L'élection du président d'Interpol aura lieu le mercredi 21 novembre à Dubaï, où se tiendra l'assemblée générale de l'organisation, avec la participation de 192 délégués des pays membres.

«Conformément à l'article 7(2) du Statut, le Président est élu par tous les membres de la Commission (…). Seuls les membres présents prennent part à l'élection. Pour être élu, le Président doit obtenir les voix d'au moins cinq membres, lors d'un vote à bulletins secrets. Si aucun candidat n'obtient la majorité requise à l'issue du premier tour de scrutin, un deuxième tour est organisé entre les deux candidats ayant obtenu le plus de voix. En cas d'égalité de voix entre deux candidats lors du dernier tour de scrutin, la préférence est donnée au membre ayant préséance du fait de la date de sa prise de fonctions en tant que membre de la Commission. Si les deux candidats ont la même ancienneté, le plus âgé l'emporte», disent les règles de fonctionnement de l'organisation.

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En fait, être président d'Interpol est en grande partie une fonction symbolique. Selon les règlements d'Interpol, il doit présider et diriger les débats lors des sessions de l'Assemblée générale et de son comité exécutif, surveiller la conformité des activités d'Interpol aux décisions de l'Assemblée générale et du Comité exécutif, maintenir une communication directe et constante avec le secrétaire général de l'organisation.

La direction opérationnelle et la coordination d'Interpol entre les pays membres sont assurées par un autre organe, le Secrétariat général. Il est dirigé par le représentant allemand Jürgen Stock depuis 2014.

Qui est contre le candidat russe?

Face à une nomination, selon The Times, «imminente» de M.Prokoptchuk, un groupe de sénateurs américains a appelé les membres de l'assemblée générale d'Interpol, ainsi que la Maison Blanche, à s'opposer à sa candidature car la Russie «utilise régulièrement Interpol pour régler ses comptes et attaquer des opposants politiques, des dissidents et des journalistes».

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Kiev, de son côté, s'est aussi embrasé. Le chef du ministère ukrainien de l'Intérieur, Arsen Avakov, a déclaré que la bataille pour Interpol commençait. De plus, un député de la Rada d'Ukraine, Mustafa Nayyem, a lancé une campagne sur Facebook invitant les citoyens de différents pays à demander à leurs délégations de voter contre la nomination de M.Prokoptchuk.

L'homme d'affaires britannique William Browder, condamné à plusieurs reprises en Russie pour des fraudes fiscales, a estimé qu'il serait «scandaleux» que Prokoptchuk prenne la tête de l'organisation. «Cet individu n'a pas arrêté de me traquer et à cause de lui j'ai été arrêté sept fois par Interpol», a-t-il déclaré à la BBC.

Qu'en pense la Russie?

En réponse, le ministère russe de l'Intérieur a dénoncé mardi une «politisation inadmissible» d'Interpol face à la levée de boucliers suscitée par des informations indiquant qu'un général russe était favori pour présider l'organisation internationale.

«Nous considérons inadmissible la politisation d'Interpol en tant d'organisation internationale professionnelle», a réagi la porte-parole du ministère, Irina Volk, dans un communiqué, soulignant l'expérience du candidat russe Alexandre Prokoptchuk et assurant qu'il agirait «exclusivement dans les intérêts de la communauté policière internationale» en cas de victoire.

Le Kremlin, de son côté, a pointé du doigt l'ingérence des sénateurs américains dans les affaires internes d'Interpol.

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