En réponse à un nouveau rapport de la Commission européenne accusant la Roumanie de reculer dans la lutte contre la corruption, Florin Iordache, le vice-président du parlement roumain qui dirige également la commission parlementaire chargée de la réforme du système judiciaire, a assuré devant les députés que le gouvernement roumain mènerait à bien son projet de réformes judiciaires en dépit des pressions externes croissantes de la part de Bruxelles et a quitté la tribune en effectuant un double doigt d'honneur.
«Nous continuerons malgré toute l'opposition de la Commission européenne», a déclaré M.Iordache. «Nous voulons être indépendants, nous voulons prendre les décisions conformément à notre Constitution et non pas à cause des pressions exercées de différents côtés.»
Le 13 novembre, la Commission européenne a publié son rapport annuel sur l'administration de la justice en Roumanie, se déclarant préoccupée par le fait que la réforme judiciaire en cours pourrait compromettre «les progrès» qu'elle avait réalisés depuis son adhésion à l'UE. Ainsi, Bruxelles a appelé le gouvernement roumain à «suspendre immédiatement» sa réforme judiciaire et sa réforme du code pénal et à nommer au lieu de cela un «procureur anti-corruption».
La réforme en question, lancée début 2017 par le parti social-démocrate roumain au pouvoir, a tout de suite attiré l'attention de l'UE, qui a exprimé ses craintes quant à l'indépendance du système judiciaire du pays ainsi qu'au risque de le rendre hautement politisé. Les détracteurs de la réforme reprochent au gouvernement de soutenir des hommes politiques accusés de corruption et d'affaiblir le système judiciaire du pays. La réforme controversée a également déclenché des manifestations de masse à travers le pays, forçant M.Iordache, qui occupait brièvement le poste de ministre de la Justice au début de 2017, à démissionner.