«J'ai essayé de contacter par mail le département des relations internationales du Kremlin-Bicêtre, mais mes lettres me reviennent», regrette Marina Faoustova au micro de Sputnik France.
Chef du département de la coopération économique extérieure de la Chambre de commerce de Dmitrov, elle se désole du silence du Kremlin-Bicêtre. La coopération entre cette commune de région parisienne et Dmitrov, une ville à une soixantaine kilomètres au nord de Moscou, est en berne après avoir pourtant connu des débuts prometteurs.
«La coopération de Dmitrov et de la Ville du Kremlin-Bicêtre a commencé en 2011 par la participation de notre région au Festival RussenKo. Nous avons signé à cette occasion un accord de coopération.»
«En 4 ans de "jumelage", nous avons eu environ 60 projets bilatéraux. Tout donnait à penser que ces relations d'amitié allaient durer. Mais en 2015, Le Kremlin-Bicêtre a coupé toute communication», s'attriste Marina Faoustova.
La première pensée de la mairie de Dmitrov a été que les relations politiques tendues entre la Russie et la France étaient la cause de cette Guerre froide, puisque ses partenaires hollandais depuis 26 ans, lui ont ouvertement dit que «l'amitié n'était plus possible à cause de la situation politique». Mais devant le silence de la commune du Val-de-Marne, ce ne sont que spéculations. Une situation d'autant plus étonnante qu'en 2012, l'actuel maire, Jean-Marc Nicolle, membre du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) comme le maire de l'époque, soutenait les échanges avec Dmitrov.
«On n'a pas envie de perdre nos partenaires, mais on peut se tourner vers une autre ville, explique Marina Faoustova. En participant au Forum du Dialogue de Trianon, on a compris que des relations entre les populations des villes étaient fiables et utiles.»
Alors, qu'est-ce que pousse la mairie du Kremlin-Bicêtre à faire la sourde oreille aux sollicitations de Dmitrov? Didier Roussel, adjoint à la culture, la coopération décentralisée, le numérique, les technologies de l'information et de la communication nous accueille dans son bureau:
«à ce jour, il n'y a aucune difficulté de communication, il n'y a aucun couac avec Dmitrov, explique Didier Roussel. Nous avons décidé de stopper toute activité de coopération pour des raisons budgétaires, comme cela a été indiqué à l'époque. On est conscient que ça désole et gêne Dmitrov.»
«C'est à notre grand regret, se désole Didier Roussel, parce que le festival RussenKo marchait bien, il plaisait énormément à la population. On n'exclut pas que ça puisse être repris à l'avenir, mais aujourd'hui, c'est illusoire.»
À l'époque, le budget des festivités s'élevait à quelque 300.000 euros. Aujourd'hui, d'après l'adjoint à la culture, c'est «un vrai problème» pour la municipalité et «on ne peut pas les mettre dans ce type d'activité».
La culture n'est d'ailleurs pas la seule à souffrir de restrictions budgétaires: Le Kremlin-Bicêtre «est à 3,5 millions en moins de son budget global» par rapport à dix ans auparavant. La liberté d'action des communes dans le cadre de l'autonomie des collectivités territoriales existe toujours pour une ville qui décide de poursuivre la coopération. «Mais les communes de notre taille ne peuvent plus suivre, financièrement! Sinon, on va priver un pan de la population d'autre chose», affirme l'adjoint à la culture.
«Ces choix ne nous conviennent pas forcément, mais on est obligé de les appliquer. Nous sommes obligés de présenter les budgets équilibrés… contrairement à l'État français, d'ailleurs», conclut, caustique, Didier Roussel.