Ils ont survécu: «Je retourne au Bataclan, je bois un coup et j'écoute du rock'n'roll»

Bonheur d'être en vie et cœur serré quand ils pensent à tous ceux qui n'ont pas survécu à l'attaque: à l'occasion de ce triste anniversaire, les rescapés des attentats meurtriers de 2015 à Paris font part au micro de Sputnik de leurs émotions mêlées.
Sputnik

Troisième anniversaire: le Bataclan a fait peau neuve et les survivants de l'attaque contre la salle de concert semblent eux aussi se remettre de la tragédie d'il y a trois ans. Mais, en dépit de tout, ils gardent des souvenirs irréparables.

Thierry, aujourd'hui âgé de 53 ans, dit avoir vécu des «moments terribles» pendant trois heures d'attente avec une trentaine de personnes dans une des salles. Or, à partir de là l'issue a été quand même «plutôt heureuse» pour eux.

«Je ne suis pas blessé, je marche, quand je vois certaines personnes qui sont touchées en fauteuils roulants et puis terriblement touchées psychologiquement, c'est eux qu'il faut plaindre. Moi, j'ai la chance. Ce que j'ai vu c'est horrible.»

Il se force à se remettre: il est allé trois fois au Bataclan voir des concerts. «Il fallait que je le fasse. Ce n'est pas eux qui vont dicter ce qui je vais faire. Je retourne au Balaclan, je bois un coup et j'écoute du rock 'n'roll», raconte-t-il à Sputnik.

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Le plus dur pour lui, «c'est 90 jeunes qui sont tombés pour rien, qui allaient juste s'amuser à un concert. Et c'est terrible quand on lit les noms, il y a une chair de poule», confie-t-il. «C'est pour eux que je suis là, pour eux.»

Ainsi, au bout de trois ans, il dort mal, se lève toujours très tôt et se réveille trois à quatre fois par nuit.

«Vous savez lorsque vous voyez des cadavres de jeunes quand vous évitez pour sortir, vous faites du slalom entre les corps pour faire attention de ne pas toucher une jeune fille ou un jeune homme qui a du sang partout, qui peut s'en sortir? Mais j'ai décidé d'aller de l'avant», résume-t-il.

L'Américaine Helen Wilson affirme se porter bien et pouvoir bien parler de ce jour sombre, bien qu'elle y ait perdu son amoureux. «Heureuse de pouvoir être ici, d'être en vie et de célébrer la mémoire des personnes que nous avons perdues», elle se souvient:

«J'étais avec l'amour de ma vie, Nick Alexander, je l'aidais. Il travaillait pour les groupes. On a entendu des bruits, puis ils sont entrés et ont commencé à réaliser ce qu'ils avaient planifié. Je ne peux pas vraiment le formuler, tout le monde sait ce qui est arrivé. Nick m'a poussée par terre et m'a sauvé la vie. Malheureusement, il nous a quittés en cette triste nuit. Je suis restée avec lui jusqu'à la fin. Je savais tout simplement que c'était mon devoir de répandre l'amour et la paix et d'unir les gens.»

Ce 13 novembre, elle ne se sent pas seulement en communion avec les victimes, mais aussi avec le monde entier.

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«Je sais que ce n'est pas ma responsabilité, mais je fais des démarches pour aider à nous réunir pour que nous ne soyons qu'un. Je suis en train de lancer une association appelée "The universal love cats" (Les chats de l'amour universel) et j'ai un projet "Hands across Paris" (Mains embrassant Paris) pour rendre hommage à ces 130 victimes que nous avons perdues cette nuit-là», conclut Helen Wilson.

Le 13 novembre 2015, 90 spectateurs avaient été tués par trois djihadistes pendant une interminable prise d'otages tandis que deux autres commandos semaient la mort ailleurs dans Paris et aux abords du Stade de France. Au total 130 personnes avaient été tuées dans les attentats les plus meurtriers jamais commis en France. Après huit mois de travaux, la salle de concert a fait peau neuve. Pour que rien ne rappelle les évènements tragiques, tout a été rénové et changé à l'intérieur du Bataclan.

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